Schubert in a mug: la musique classique au plus près du public

(VOVWORLD) - Souvent jugée élitiste, la musique dite classique est longtemps restée associée à l'image des grands théâtres avec de somptueux lustres et des sièges en velours rouge. L'Opéra national de Vienne, le Royal Albert Hall de Londres et l’Opéra de Hanoï en sont des exemples....

Mais il existe désormais à Hanoï des endroits où les mélomanes peuvent écouter de la musique tout en dégustant une tasse de thé ou de café.

Schubert in a mug: la musique classique au plus près du public - ảnh 1Le violoncelliste Phan Do Phuc et deux artistes taïwanais: Liao Hsin-Chiao au piano et Min Yen Chien au violon lors du 30ème concert du SiaM intitulé "Voyage sans bagages". Photo: SiaM

C’est avec les deux pièces pour violon et piano de la compositrice française Lili Boulanger qu’a débuté le dernier Schubert in a mug (SiaM) dans un café à Hanoï. Il s’agit d’un projet initié par le violoncelliste Phan Dô Phuc  dans le but avoué de rendre plus accessible la musique classique...

«Tout ce que je veux, c’est jouer pour quelqu’un… À la limite, je préfère un auditoire de quatre ou cinq personnes qui sont vraiment venues pour écouter, plutôt que de jouer dans une grande salle. C’est comme ça que j’en suis venu à cette formule de café-concert, en réunissant autour de ce projet quelques amis qui avaient eux aussi envie de sortir la musique classique de son cadre ordinaire et d’aller à la rencontre du public. C’est ainsi qu’est né ce projet, SiaM, en août 2020», nous confie-t-il.      

Mais pourquoi cette référence à Franz Peter Schubert? Sans doute parce que de son vivant (1797-1828), le compositeur autrichien organisait des «schubertiades» (le mot est apparu vers 1820 avant de passer à la postérité et d’être, au passage, homologué par l’Académie française!), qui consistaient en des réunions musicales privées et conviviales. Alors, cher Phan Dô Phuc, ces Schubert in a mug sont-elles des «schubertiades à la hanoïenne»?  

«Oui, d’une certaine manière. Schubert était un artiste qui se produisait rarement dans de grandes salles de concert... Il invitait souvent des amis chez lui avec lesquels il faisait de la musique de chambre, en toute simplicité, à la bonne franquette, si vous me passez l’expression…», nous dit-il.   

Schubert in a mug: la musique classique au plus près du public - ảnh 2SiaM figure sur la liste de nomination des meilleurs prix du Hanoi Grapevine 2020 et 2021-2022. En 2020 il a eu l'honneur d'être élu projet significatif de l'année. Photo: SiaM

Schubert représente la musique classique, le mug (anglicissme, pour le coup !) symbolise la tasse de café. Schubert in a mug, c’est les deux réunis…  

Le projet, lancé en 2020, consiste en des concerts où les artistes et le public discutent volontiers, en toute décontraction: tout à fait dans l’esprit de Schubert…   

Pour ses concerts d’un autre genre, Phan Dô Phuc a réuni la pianiste Hoàng Hô Thu, le hautboïste Hoàng Mạnh Lâm, la pianiste taïwanaise Liao Hsin-Chiao, la violoniste Hoàng Hô Khanh Vân et le clarinettiste Trân Khanh Quang.

Sans apparat, les artistes jouent des pièces du répertoire pour un public qui est venu simplement partager un petit moment de convivialité autour de la musique… Trương Nu Hoàng Giang, elle, est une habituée…     

«J’écoute pas mal de musique classique, mais généralement des pièces très connues comme la Sonate au clair de lune ou Sur un marché persan, par exemple. Ce que j’aime, avec ces concerts-là, c’est qu’il y a toujours un petit mot d’introduction qui aide à mieux comprendre. C’est un peu comme si on venait prendre une leçon de musique, mais sans que ce soit professoral pour un sou !», nous explique-t-elle.  

Il y a déjà eu une bonne trentaine de Schubert in a mug, dans des endroits divers et variés comme des cafés, des salons de thé, le Centre d'art contemporain Vincom, l'Institut Goethe, le centre culturel de l'ancien quartier… Il y a même eu des concerts en ligne pendant le confinement. 

Après chaque concert, les spectateurs sont invités à exprimer leurs impressions et même à poser des questions aux artistes. Koos Neefjes, lui, est un spectateur néerlandais…   

«J'apprécie la manière dont les artistes présentent les œuvres qu'ils interprètent, et je sens, chez eux, beaucoup d’engagement… Comme ça, le public peut comprendre un peu ce qu’il écoute. Ce n’est pas abstrait comme quand on écoute de la musique chez soi où dans une grande salle de concert», note-t-il.    

Quatre saisons, déjà, et peut-être bientôt des musiciens étrangers confirmés qui viendront se joindre à ces Schubert in a mug… Peut-être aussi des concerts gratuits en dehors de Hanoï, notamment dans des régions éloignées, où la musique classique est, pour le coup, carrément inaccessible…


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