(VOVWORLD) - La Chine a vu sa croissance économique ralentir au deuxième trimestre tandis que les politiques monétaires aux États-Unis et en zone euro demeurent imprévisibles. Bien que les derniers chiffres montrent un redressement progressif et régulier des grandes puissances, de nombreux experts craignent que l’économie mondiale soit confrontée, d’ici la fin de l’année, à des défis majeurs.
Photo: Le Bureau national des statistiques de la Chine |
Une croissance stable mais au ralenti en Chine
Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a augmenté de 5% en glissement annuel au premier semestre 2024, selon les données publiées lundi 15 juillet par le Bureau national des statistiques. La production industrielle reste le principal moteur de la croissance chinoise, propulsée en partie par une forte demande extérieure. L’indice de la production industrielle de la Chine a augmenté de 6% en glissement annuel au cours des six derniers mois. Rien qu’en juin, cet indice a progressé de 0,42% par rapport au mois précédent et de 5,3% par rapport à la même période de 2023. La reprise de certains secteurs, notamment le tourisme, contribue également à stimuler la consommation domestique, comme l’explique Liu Aihua, la porte-parole du Bureau national des statistiques chinois.
«Dans l’ensemble, l’économie chinoise poursuit son rythme de croissance stable et régulier. La production et la demande du marché continuent de se redresser. L’emploi et les prix restent globalement stables tandis que les revenus de la population continuent d’augmenter. De nouveaux moteurs de croissance se développent rapidement et un développement de haute qualité permet de réaliser de nouveaux progrès», note-t-elle.
Cependant, selon les observateurs, la croissance de la Chine au deuxième trimestre n’a atteint que 4,7%, contre 5,3% au premier trimestre et est inférieure aux prévisions précédentes. Cela entravera les efforts du pays pour atteindre son objectif d’une croissance de 5% cette année, estime Xing Zhaopeng, spécialiste de la Chine chez ANZ Bank, basée à Shanghai. En outre, au cours du second semestre de 2024, de nombreux produits d’exportation clés de la Chine sont heurtés par des obstacles liés au protectionnisme commercial, notamment l’imposition par l’Union européenne de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois, a-t-il ajouté.
De son côté, Harry Murphy, économiste chez Moody’s Analytics, a révélé deux défis majeurs susceptibles de freiner la croissance de la Chine au deuxième semestre de l’année: une consommation atone et la crise du secteur immobilier. Principal moteur de la croissance mondiale et leader dans le commerce international, des signaux incertains émanant de la deuxième économie mondiale auront des impacts significatifs sur la croissance mondiale.
Le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell. Photo: Bloomberg |
Une hésitation de la Fed
Alors que la croissance économique chinoise est inférieure aux attentes du marché, la confiance du monde des affaires dans les États-Unis, la première économie mondiale, est également ébranlée par l’indécision des gestionnaires économiques américains. À l'occasion d'une audition devant une commission du Sénat le 9 juillet, le président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, a souligné que l’inflation reste supérieure à l'objectif de 2% de la Fed, bien qu'elle se soit améliorée ces derniers mois. Il a également noté que la Fed est désormais préoccupée par les risques sur le marché de l'emploi et l'économie si les taux restent trop élevés trop longtemps. Le nombre de nouveaux emplois créés en juin a ralenti à 206.000, tandis que le taux de chômage a augmenté à 4,1%. La Fed devra réfléchir attentivement à des changements de politique dans un avenir proche, a-t-il ajouté.
«D’autres bonnes données renforceraient les arguments en faveur d'une réduction des taux d'intérêt de la banque centrale. Nous avons dit que si le marché du travail s’affaiblissait au-delà des attentes, cela pourrait être une raison pour assouplir la politique monétaire. Nous prenons en compte les deux facteurs», a-t-il souligné.
Bien que les États-Unis soient la seule économie du groupe des économies développées et émergentes du monde (G20) à afficher une croissance supérieure au niveau d’avant la pandémie de Covid-19, le taux d’endettement public élevé constitue une grande menace à long terme, estime la directrice du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva. Par conséquent, les États-Unis doivent profiter de cette période stable pour réduire la dette publique et restructurer leur économie. Cependant, la cheffe du FMI recommande toujours à Washington de maintenir des taux d'intérêt élevés jusqu’à la fin de cette année.
Selon Tim Oechsner, stratège des marchés de capitaux chez la société financière allemande Steubing AG, l’hésitation et l’ambiguïté de la Fed concernant sa feuille de route de réduction des taux, ainsi que la stratégie monétaire conservatrice de la Banque centrale européenne (BCE), réduiront l’optimisme quant aux perspectives économiques mondiales au second semestre de cette année.