Photo Ngoc Anh/VOV5

C’est à La Phu que les hommes de Tinh Quôc Tam Lang avaient établi leur cantonnement. La légende veut qu’il ait ordonné d’abattre des cochons pour régaler ses soldats avant leur départ au front. Non contents de satisfaire à cette demande, les villageois l’auraient ensuite désigné comme génie tutélaire du village. Et comme ce fameux général est décédé à minuit le 13^e jour du premier mois lunaire, depuis lors, la procession du cochon est organisée chaque année pour lui rendre hommage.

« Telle que vous la voyez, la maison communale a six travées, et chacune de  ces travées à son autel, lequel doit avoir son plateau d’offrandes », nous explique  Nguyên Phan Dich, l’organisateur en chef de la fête.  

Dès le début de l’année, chaque hameau du village doit choisir deux familles, l’une étant chargée d’élever le cochon, l’autre de l’apprêter pour la cérémonie. Les critères sont stricts. Les familles sélectionnées doivent comporter des enfants des deux sexes qui tous réussissent dans leur vie, et ne doivent pas avoir été endeuillées au cours de l’année précédente. C’est en tout cas un honneur convoité que d’être ainsi sélectionné, comme nous le confie Ta Tuong Bang, du hameau de Doan Ket.

« Ma famille a été sélectionnée pour abattre le cochon. Nous devons préparer trois plateaux d’offrandes qui seront ensuite mis sur trois palanquins pour la procession. Le premier plateau contient bien sûr le cochon bien décoré, le deuxième du riz gluant cuit et le troisième des fruits. Le cortège part de chez moi et se dirige vers la maison communale du village. Font partie du cortège une troupe de danse de licorne, un orchestre de musique traditionnelle et de nombreux villageois », nous indique-t-il. 

« Monsieur le cochon » est porté en procession autour du village au son des tambours - Photo Ngoc Anh/VOV5

Dès le 2^e mois lunaire, le choix du cochon pour l’année suivante doit être entériné. Il faut un beau cochon, en bonne santé, qui pèse de 60 à 70 kilos. La bête sélectionnée sera élevée selon un régime spécial et appelée « Monsieur le cochon ». Les familles du hameau partagent les frais de son élevage. Si « Monsieur le cochon » ne mange pas bien ou tombe malade, l’éleveur doit présenter une offrande au génie tutélaire du village pour que son cochon puisse se rétablir promptement, nous raconte Nguyên Phu Son, l’éleveur du hameau de Doan Kêt.

« Le cochon sélectionné doit être tout blanc », nous dit-il.  « Autrefois, il était souvent petit. Or, aujourd’hui, il est plus grand, il doit peser 200 kilos au moment de la fête, ou plus. On lui donne à manger deux fois par jours. Pendant les 9 premiers mois de l’année, la bête est élevée comme des cochons ordinaires mais à partir du 10^e mois, un régime alimentaire spécial est appliqué. Son alimentation comprend de la soupe de riz, de la canne à sucre et des légumes. Si au cours des 9 premiers mois de l’année, son poids augmente en moyenne de 15 kilos par mois, à partir du 10^e mois, il est stable ».     

Le jour J, vers 18 heures, « Monsieur le cochon » est porté en procession autour du village au son des tambours. A lieu tout d’abord la procession du hameau situé près de la maison communale. Les hameaux situés plus loin commencent leur procession plus tard. Mais, les « Messieurs cochons » doivent être présents tous à la maison communale vers 21 heures. A minuit pile, la cérémonie de culte dirigée par des seniors du village commence. Elle dure 2 heures. Après quoi, ces messieurs sont descendus et ramenés avant d’être découpés et offerts aux familles du village.

« Autrefois, il n’y avait que 6 offrandes, puis 11 et maintenant il y en a 17 car le village dispose de 17 hameaux. Mais il ne faudrait pas croire que les 17 hameaux présentent tous les ans et en même temps leurs offrandes au génie tutélaire du village. Comme la maison communale ne dispose que de 6 travées, chaque année et à tour de rôle, seuls 6 hameaux ont le droit de présenter leur cochon. Tous les 5 ans, a lieu une grande fête. Mais comme c’est l’année du cochon, la fête a été exceptionnelle. Les cochons n’ont pas été portés en procession autour du village, mais de la maison communale jusqu’à l’endroit où est décédé le général Tinh Quôc Tam Lang, à 3km de là », nous précise Nguyên Phuong Dich.

Concernant la partie festive, des jeux traditionnels, des chants et des danses ainsi que des compétitions sportives sont organisés dès le 10^e jour du premier mois lunaire, c’est-à-dire 3 jours avant la procession. Et comme il se doit en pareil cas, il règne un véritable climat de kermesse, même s’il peut faire un temps de cochon !...