(VOVWORLD) - Chez les Là, qui résident à Chiêng Bang - une commune de
la province de Son La rattachée au district de Quynh Nhai -, on ne lésine pas
sur les études. Cette famille de l’ethnie Thaï peut en effet se targuer de
compter une bonne trentaine de diplômés de différentes universités et une
vingtaine de jeunes en passe de l’être. C’est bien simple : quand on est
un Là digne de ce nom, se voir décerner le titre de « famille studieuse » est bien la
moindre des choses, presque une banalité…
Chez la famille de Là Van Khan |
Là Van Khan est le chef de la lignée Là. Il vit dans une
maison sur pilotis qui jouxte l’école primaire de Chiêng Bang : tout un
symbole pour cet homme issu d’une fratrie de cinq enfants pour lesquels
« étudier » rimait avec « luxe »… Mais c’était sans compter
sur le caractère opiniâtre de Khan. Toujours illettré à 11 ans, celui-ci
n’avait qu’une obsession : aller à l’école. Il ne possédait bien sûr ni
livres, ni cahiers, ni stylos... Mais il
avait en revanche une énergie phénoménale à revendre, et des capacités
intellectuelles à l’avenant : exactement ce qu’il faut pour soulever des
montagnes !... Pour Khan, la montagne s’appelait pauvreté, mais
qu’importe. Son obstination a payé et il a finalement pu, non seulement
rattraper le temps perdu, mais surtout devenir enseignant lui-même.
Dans ma classe, il n’y avait que 6 personnes, nous
raconte-t-il. Mais toutes ont abandonné les études, à cause de la famine. Sauf
moi. Moi, je suis resté jusqu’au bout.
Auparavant, les jeunes filles de la localité étaient
toutes illettrées. Il était en effet communément admis que les femmes étaient
destinées à se marier, à faire des enfants, à trimer dans les rizières, et… Et
c’est tout ! Mais là aussi, c’était sans compter sur Khan et sur son
pouvoir de persuasion. C’est grâce à lui en tout cas que Chiêng Bang compte
désormais un bon nombre de femmes parmi ses responsables, tant au niveau des
hameaux qu’à celui de la commune. Là Thi
Hay en fait partie.
Jamais je n’aurais penser pouvoir suivre des études, nous
dit-elle. Je me rappelle qu’au départ, quand je travaillais dans la
coopérative, je me faisais gruger sur mon salaire. Et comme je ne maîtrisais
pas bien les nombres, j’étais une proie facile… C’est pour ça que maintenant,
je dis toujours aux filles d’aller à l’école. Il n’y a que comme ça qu’on
pourra s’en sortir !
Là Van Phong est lui aussi un vrai Là. Entendez par là
qu’il a su se faire une place au soleil grâce aux études. Diplômé de
l’université du Nord-Ouest en 2014, il a créé une coopérative chez lui, à Chiêng
Bang. Baptisée Quynh Nhai, cette coopérative est active dans les domaines de
l’aquaculture et de l’écotourisme.
Mon grand-père, mes frères, mes sœurs… Tous ont suivi des
études, nous explique Là Van Phong. Alors moi aussi, je me suis inscrit dans
leurs pas, en faisant en sorte de faire honneur aux traditions de la famille.
Et voilà, aujourd’hui, je suis à la tête de cette coopérative qui va prospérer, j’y compte bien !
Le niveau culturel des membres de la famille Là
s’améliore, de même que leur vie matérielle. Chez les Là, le taux de foyer
pauvres n’est plus que de 1%, à ce jour, ce qui est bien sûr tout à fait
remarquable. Plusieurs d’entre eux développent la pisciculture sur le réservoir
de la centrale hydro-électrique de Son La, ce qui leur permet d’empocher un
bénéfice annuel compris entre 200 et 300 millions de dôngs, mais surtout de financer
les études de la jeune génération.