Contrôle de l’inflation en 2011 : regard rétrospectif

Le contrôle de l’inflation aura été l’objectif permanent du gouvernement vietnamien dans sa politique macro-économique en 2011. Certes, le taux d’inflation a atteint l’an dernier 18,5%, un chiffre bien plus élevé que les 7% approuvés initialement par l’Assemblée Nationale, mais si on regarde bien, on voit que l’inflation avait tendance à baisser et s’est stabilisée au cours des derniers mois de 2011. Il s’agit là d’un grand effort du gouvernement dans un contexte vraiment difficile.

La “vague de l’inflation” a commencé en septembre 2010. A ce moment là, l’indice des prix à la consommation avait augmenté de 1,31% par rapport au mois précédent, alors qu’au cours des 5 mois précédents, sa hausse se situait en dessous de 0,3%. Mais il a fallu attendre jusqu’aux 4 premiers mois de 2011 pour que cette vague ait vraiment déferlé. En avril, l’indice des prix à la consommation a augmenté de 9,64% par rapport à fin 2010, et de 3,32% par rapport à mars, un niveau mensuel jamais atteint depuis mai 2008. Le gouvernement s’en est rendu compte : avec cette évolution, il serait impossible de maintenir à 7% l’objectif de contrôle de l’inflation, défini depuis le début de l’année. Aussitôt, cet objectif a été revu à 11,75% puis à moins de 15%. Mais, dès août, l’indice des prix à la consommation a enregistré une hausse de 15,68% par rapport à fin 2010, d’où une nouvelle révision de l’objectif de maintien de l’inflation, cette fois à 18%. Ecoutons les analyses du docteur Vũ Đình Ánh, chef de l’Institut d’études scientifiques sur le marché et les prix : “Nous n’avons pas atteint l’objectif de maintenir l’inflation à 7% ni l’objectif qui a été revu à la baisse après. Il y a plusieurs raisons à cela. Premièrement, notre capacité de prévision en ce qui concerne l’indice des prix et l’inflation est encore modeste, ce qui nous a obligé de revoir à la hausse nos prévisions pour être plus conforme à la réalité. Et au bout de quelques mois, ce nouvel objectif s’avère impossible. Voilà une grande leçon pour nous dans la gestion de l’inflation. Deuxièmement, à cause de nos faiblesses en matière de prévision, notre politique d’austérité financière, décidée fin février, a pris un certain temps avant d’être mise en oeuvre.”

En effet, face à une inflation galopante et à l’instabilité macro-économique, fin février 2011, le gouvernement a promulgué la résolution numéro 11 visant à freiner l’inflation, à stabiliser la macro-économie et à garantir la sécurité sociale. Elle consiste essentiellement en une restriction de la politique monétaire et budgétaire. Ainsi, l’objectif de croissance des crédits qui était de 30% en 2010 a subitement été réduit à 20%, puis à 12-13%, soit la plus faible croissance depuis 15 ans. Pendant ce temps, le taux d’intérêt des prêts était fixé très haut, à 20%, voire à 25% à certains moments de l’année. Toutes ces restrictions monétaires ont porté leurs fruits. En mai, l’inflation a été mise sous contrôle. La hausse de l’indice des prix à la consommation s’est ralentie. Au cours des 4 derniers mois de l’année, elle était inférieure à 1%. L’économiste Lê Đăng Doanh a dit : “En jetant un regard rétrospectif sur un an de lutte contre l’inflation, on peut constater que la résolution numéro 11 a donné des orientations pertinentes et que le gouvernement a fait des efforts considérables dans le domaine monétaire et des crédits. A mon avis, dans la lutte contre l’inflation, le plus important est de renforcer la gestion des investissements publics, des entreprises étatiques, de faire en sorte que les dépenses de l’Etat soient vraiment efficace. Nous devons faire preuve d’économie, éviter toute fuite, tout gaspillage et améliorer l’efficacité des investissements. Il faut que sur 100 dongs d’investissement, 80 aillent aux avoirs fixes et aux marchandises. Ce n’est qu’à ce moment là que l’inflation diminuera.”

Afin d’atteindre son objectif de contenir l’inflation, le Vietnam a dû baisser son objectif de croissance du PIB de 7% à 6%. Les efforts visant à contenir l’inflation ont aussi eu des effets indésirables. Une restriction exagégée des crédits et un taux d’intérêt des prêts trop élevé ont provoqué des difficultés à de nombreuses entreprises. Les organisations de crédits font face aussi à une augmentation des mauvaises dettes et à une baisse de la solvabilité. Plusieurs économistes estiment que la lutte contre l’inflation a constitué un fardeau trop lourd pour la politique monétaire qui s’en est vue restreinte outre mesure, alors que la politique budgétaire n’a pas donné les résultats escomptés. Sanjay Kalra, représentant en chef du Fonds Monétaire International au Vietnam, estime : “La résolution numéro 11 a permis de maintenir la stabilité macro-économique mais je pense que le gouvernement vietnamien doit agir avec plus de détermination. Les mesures budgétaires et monétaires doivent s’accorder plus étroitement, afin de réduire les dépenses publiques, de rééquilibrer la balance de paiement et de maintenir le taux de change actuel. En outre, il faut considérer la politique budgétaire comme un outil de gestion aussi bien sur du court que du moyen et du long terme.”

Certes, l’inflation a dépassé l’objectif fixé, mais son ralentissement observé au cours des derniers mois de l’année pourrait permettre d’espérer que l’inflation de 2012 pourra descendre à moins de 10%. De l’avis des économistes, pour stabiliser la macro-économie et contenir fermement l’inflation, il faut d’une part mettre au point son outil de lutte contre l’inflation et d’autre part, l’empêcher dès le début grâce à une meilleure gestion des investissements publics.

Minh Hà

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