L'économie mondiale en 2025: stable, mais toujours exposée à des risques

(VOVWORLD) - La majorité des principales institutions économiques et financières mondiales anticipent une croissance stable de l'économie mondiale cette année, tout en mettant en lumière des risques majeurs liés aux conflits commerciaux et à l'instabilité géopolitique. Ces défis continuent de peser sur les perspectives globales, malgré des prévisions de croissance relativement positives.

Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales publié fin octobre dernier, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance mondiale de 3,2% cette année. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Banque mondiale (BM) ont également avancé des prévisions similaires, oscillant autour de 3%, voire 3,3%.

Un atterrissage en douceur

Les attentes d'une croissance stable reposent sur les résultats relativement positifs de 2024. Selon Mathias Cormann, secrétaire général de l'OCDE, l'économie mondiale a montré une capacité de résilience remarquable l'année écoulée, avec une inflation en baisse dans de nombreuses grandes économies, atteignant les objectifs des banques centrales (2%), tout en maintenant une croissance stable. Cette analyse est corroborée par les dernières données du FMI, qui prévoit une inflation mondiale moyenne de 3,5% d'ici la fin de l'année, après un pic de 9,4% au troisième trimestre 2022. Actuellement, les taux d'inflation oscillent autour de 2,7% aux États-Unis, 2,2% dans la zone euro et 2,6% au Royaume-Uni.

L'augmentation des taux d'intérêt, entamée depuis deux ans pour lutter contre l'inflation, n'a pas conduit à la récession forte redoutée par de nombreux analystes. Parallèlement, la consommation de services et la demande de main-d'œuvre restent solides. Depuis le second semestre de l'année dernière, la Réserve fédérale américaine (Fed) et la Banque centrale européenne (BCE) ont progressivement réduit leurs taux d'intérêt, et un «atterrissage en douceur» de l'économie, c'est-à-dire un ralentissement sans récession, semble désormais à portée de main. Selon S&P Global (États-Unis), cette situation permet à l'économie mondiale d'entrer dans l'année 2025 dans une position relativement favorable. Toutefois, certains experts soulignent que l'inflation dans de nombreuses grandes économies n'a pas encore atteint l'objectif de 2%, et qu'elle pourrait même légèrement augmenter durant les derniers mois de l'année. Par conséquent, la politique monétaire doit rester prudente et les risques pour la croissance doivent être surveillés de près. C’est notamment l’avis de Rebeca Grynspan, secrétaire générale de la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (CNUCED).

 «L’économie mondiale est dans une situation où, bien que nous puissions envisager la possibilité d'un atterrissage en douceur, il est très probable que nous finissions par nous poser sur la mauvaise piste. Nous atterrissons dans un contexte de faible croissance, de dettes élevées, d'investissements faibles et de commerce fragmenté», avertit-elle.

Partageant cette prudence, les derniers discours politiques de la fin de 2024 ont vu à la fois Jérôme Powell, président de la Fed, et Christine Lagarde, présidente de la BCE, souligner qu'il était encore trop tôt pour tirer des conclusions sur la lutte contre l'inflation. Ils ont également mis en garde contre des facteurs imprévisibles, notamment des conflits commerciaux, susceptibles de conduire la Fed et la BCE à procéder à des réductions de taux plus lentes que prévu initialement.

L'incertitude américaine

En matière de prévisions de croissance du PIB mondial pour cette année, l'OCDE est la plus optimiste, avec une estimation de 3,3%, suivie du FMI à 3,2%. Les banques américaines Morgan Stanley et Goldman Sachs sont plus prudentes, prévoyant respectivement 3% et 2,7%. Cependant, des perspectives divergentes existent selon les régions. Goldman Sachs estime que les États-Unis, la plus grande économie mondiale, connaîtront une meilleure croissance du PIB que les autres pays développés, avec une prévision de 2,5% pour cette année, proche de celle de l'OCDE (2,4%). L'économie chinoise, deuxième au niveau mondial, devrait croître de 4,7%, selon l'OCDE et de 4,5% selon la Banque mondiale. En revanche, la zone euro devrait se contenter d’une croissance modeste de 1,3%, et le Japon, de 1,5 %.

Cependant, selon les experts, l'incertitude majeure réside dans les États-Unis. Seth Carpenter, économiste en chef de Morgan Stanley, estime que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche pourrait entraîner des changements de politique avec des répercussions mondiales. Dans le même esprit, Goldman Sachs prévoit que le PIB de la zone euro pourrait ne croître que de 0,8% cette année, en raison des nouvelles politiques tarifaires et réglementaires des États-Unis, notamment si un conflit commercial survenait. La Chine pourrait également être affectée par les droits de douane imposés par le nouveau gouvernement américain, ce qui pourrait limiter sa croissance à 4,1%, selon S&P Global. Cependant, ces impacts ne seraient pas unilatéraux, car l'économie américaine serait aussi affectée si Donald Trump imposait des tarifs élevés à ses rivaux commerciaux, entraînant un large conflit commercial, comme l’indique Joseph Stiglitz, économiste américain et lauréat du prix Nobel.

«Beaucoup pensent que les tarifs douaniers américains seront plus efficaces cette fois, car Donald Trump menace de les augmenter. Mais les Américains s'inquiètent aussi des effets négatifs que cela pourrait avoir sur leur propre économie», révèle-t-il.

Selon Goldman Sachs, si l'incertitude commerciale augmentait au même niveau qu'entre 2018 et 2019, le PIB des États-Unis pourrait diminuer de 0,3%, tandis que ceux de la zone euro et de la Chine pourraient chuter respectivement de 0,9% et 0,7%. Toutefois, l'organisation de recherche Capital Economics (Royaume-Uni) estime que les risques de conflit mondial restent modérés. Elle prévoit que les pays concernés mettront en place des mesures de représailles réfléchies, visant à contenir les tensions et à éviter toute escalade avec les États-Unis.

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