Lutte antiterroriste: la grande question

(VOVworld) - A peine un an après les attentats de novembre 2015, la France est une nouvelle fois frappée. L’attaque intentionnelle qui a frappé la foule rassemblée pour le traditionnel feu d’artifice du 14 juillet à Nice ne vient pas seulement s’ajouter à la liste des attentats dont la France a été le théâtre depuis 2012. Plus grave encore, elle dévoile des failles certaines dans le système de sécurité et remet en cause l’efficacité de la lutte antiterroriste en France.

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Vers 23 heures, la foule était rassemblée sur la très populaire Promenade des Anglais, à Nice, pour les traditionnelles festivités du 14 juillet. Le feu d’artifice venait de s’achever quand un camion blanc a foncé dans la foule. Au moins 84 personnes ont péri avant que le chauffeur ne soit abattu par la police. Sur le camion, les enquêteurs ont trouvé les papiers d’un Franco-Tunisien.

L’attaque s’est produite quelques heures seulement après que la France a annoncé que l’état d’urgence mis en place suite aux attentats de novembre dernier ne serait pas prolongé après le 26 juillet prochain.

Peu de nouvelles solutions

Cette attaque imprévue a tout changé. Le président François Hollande a aussitôt décidé la prolongation de trois mois de l’état d’urgence. Il a par ailleurs affirmé à la télévision nationale qu’il s’agissait bien d’un acte terroriste. «C’est toute la France qui est sous la menace du terrorisme islamiste», a-t-il averti en annonçant le maintien «à un haut niveau de l’opération Sentinelle, celle qui permet de mobiliser 10.000 militaires en plus des gendarmes et des policiers». L’opération Sentinelle prévoit le déploiement permanent d’au moins 7.000 militaires en armes en France. Elle a été déclenchée en janvier 2015 après l’attaque qui avait frappé la rédaction de Charlie Hebdo. Le chef de l’Etat français a également décidé de renforcer les actions contre Daech en Irak et en Syrie, pour frapper les terroristes «dans leur repaire».

Pour sa part, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé que le plan Vigipirate était rehaussé en «alerte attentat» dans les Alpes-Maritimes. Des soldats réservistes ont été mobilisés.

Néanmoins, force est de constater que les mesures de sécurité qui viennent d’être annoncées ne sont pas vraiment nouvelles. Depuis un certain temps déjà, la sécurité est la grande priorité des Français. N’oublions pas que suite aux attentats de novembre dernier, François Hollande avait déclaré une guerre sans merci contre Daech. La France a d’ailleurs modifié sa Constitution de manière à pouvoir prolonger l’état d’urgence de 3 mois, au lieu de 12 jours, à priver de la nationalité française ceux qui disposent de deux nationalités et qui sont accusés de terrorisme. Les terroristes potentiels sont également interdits d’entrée sur le territoire français. Le président Hollande s’était aussi engagé à majorer le budget des forces de sécurité et de l’armée. Des centaines de chasses à l’homme ont été menées dans le pays. A l’étranger, la France a intensifié ses offensives en Syrie, où des terroristes avaient préparé les attaques suicide le 13 novembre 2015 à Paris. Elle a également appelé les autres pays d’Europe à la coopération.

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Des raisons profondes

Pourquoi la France, et pas un autre pays européen ? De l’avis de nombreux analystes, c’est parce que la France a toujours joué un rôle important dans le règlement des conflits en Afrique, et notamment en Afrique du Nord, qui abrite un grand nombre de musulmans et qui, de sucroît, se trouve à côté du brasier du Moyen-Orient. Dès 2014, la France participait activement à la coalition internationale contre l’Etat islamique. Elle a d’ailleurs été l’un des premiers pays à effectuer des frappes aériennes contre Daech.

D’autre part, compte tenu du rôle important qu’elle joue en Europe et dans le monde, les terroristes espèrent qu’en attaquant la France, ils attireront l’attention du monde entier. En visant des civils, ils posent un énorme casse-tête aux services de renseignement et de sécurité français qui ont du mal à tout prévoir. Et ce, sans compter le fait que la France abrite un grand nombre de musulmans extrémistes dont la plupart vivent dans les banlieues. Les difficultés économiques qui se sont accumulées depuis quelques années ont eu pour conséquence de faciliter la radicalisation de ces derniers, qui éprouvent déjà beaucoup de mal à s’intégrer à la société française.

En tous cas, l’attaque au camion à Nice montre, une fois de plus, que la capacité de prévision des services de sécurité français laisse à désirer. Déjà, au début du mois, une commission d’enquête du Sénat français avait proposé la refonte des services de renseignement autour d’une agence nationale.

Certes, il faut reconnaître que la France a fait beaucoup d’efforts en matière de sécurité, mais l’attaque de Nice a ébranlé le monde entier. Il est plus qu’urgent de trouver les racines profondes du terrorisme et de les enlever, non seulement en France, mais partout dans le monde.

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