(VOVWORLD) - Le Sommet mondial sur la sécurité alimentaire s'est tenu le lundi 20 novembre à Londres, la capitale britannique. Cet événement avait pour objectif de promouvoir l'application des sciences et des technologies avancées, de faciliter la collaboration autour des innovations dans le domaine de l'agriculture, avec pour finalité d'assurer la sécurité alimentaire et de construire un système alimentaire mondial plus durable.
Carl Skau, le directeur exécutif adjoint et Chef des opérations du Programme alimentaire mondial (PAM). Photo: 21stcenturychronicle.com |
L'insécurité alimentaire en hausse à l'échelle mondiale
Le Sommet mondial sur la sécurité alimentaire 2023 est organisé à l'initiative des gouvernements du Royaume-Uni, de la Somalie, des Émirats arabes unis, ainsi que d'organisations telles que le Fonds d'investissement pour les enfants (CIFF) et le Fonds Bill & Melinda Gates. L'événement s'est déroulé dans un contexte où la sécurité alimentaire mondiale est menacée par les conflits, les instabilités politiques, et les impacts croissants du changement climatique à travers le monde. Cette situation exige de la communauté internationale la recherche de mesures de réponse à la fois urgentes et durables.
Selon les estimations de l'ONU, 345 millions de personnes dans le monde font actuellement face à une insécurité alimentaire aiguë, par rapport à 120 millions en 2019, avant la pandémie de Covid-19. Parmi elles, 40 millions se trouvent à des niveaux d'urgence de la faim (IPC4), les contraignant à prendre des mesures désespérées pour survivre, avec un risque de décès dû à la malnutrition. L'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) fournit un autre chiffre, indiquant qu'en incluant les personnes en insécurité alimentaire modérée, environ 2,4 milliards de personnes, soit près de 30% de la population mondiale, se trouvent actuellement en situation d'insécurité alimentaire.
Dans ce contexte, l'ONU met en garde contre l'incapacité du monde à atteindre d'ici 2030, comme prévu, l'objectif d'élimination de la faim, l'un des objectifs les plus importants du développement durable (ODD).
Dans le rapport mondial sur la «Crise alimentaire 2023», publié en août dernier, l'ONU a également présenté d'autres chiffres alarmants concernant la malnutrition infantile à l'échelle mondiale. Plus précisément, en 2022, 148 millions d'enfants de moins de cinq ans souffraient d'un retard de croissance, et 45 millions présentaient un état d'émaciation. L'instabilité économique et sécuritaire dans le monde aggrave la crise alimentaire et nutritionnelle, comme l'a souligné Carl Skau, le directeur exécutif adjoint et Chef des opérations du Programme alimentaire mondial (PAM).
«La plus grande crise alimentaire et nutritionnelle de l'histoire se poursuit. Les conflits et l'insécurité demeurent les principales causes de la faim aiguë dans le monde, s'ajoutant au changement climatique, aux catastrophes récurrentes, à l'inflation persistante des prix des denrées alimentaires et à l'augmentation du fardeau de la dette, le tout se produisant à une époque de ralentissement économique mondial», a-t-il précisé.
Un autre facteur contribuant à l'aggravation de l'insécurité alimentaire dans le monde est la réduction continue du budget de fonctionnement du PAM ces derniers temps, rendant impossible à cette agence onusienne de maintenir son aide dans de nombreuses zones de crise. Alors que les besoins alimentaires ont atteint des niveaux record, le PAM fait face cette année à un déficit de financement de plus de 60%, ce qui constitue le plus important jamais enregistré en 60 ans d'existence, selon son dernier rapport publié le 12 septembre dernier. Le PAM souligne qu'il est contraint de procéder à des baisses si drastiques de ses rations que «24 millions de personnes supplémentaires pourraient sombrer dans une situation d'urgence alimentaire au cours des 12 prochains mois, soit une augmentation de 50% par rapport au niveau actuel».
Le Premier ministre britannique, Rishi Sunak. Photo: Dan Kitwood/ PA |
Des solutions durables pour nourrir l'avenir
Lors du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire 2023, les pays participants ont réfléchi à des moyens de développer de nouvelles approches visant à prévenir la malnutrition infantile, à accélérer l'application des technologies avancées pour garantir la sécurité alimentaire, à prévenir les famines et les crises alimentaires, ainsi qu'à construire un système alimentaire mondial durable et résilient face au changement climatique. À cette occasion, le gouvernement britannique a annoncé le lancement d'un nouveau centre scientifique en ligne, appelé Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), axé sur le développement de cultures résistantes au changement climatique et l'identification des risques pour les systèmes alimentaires mondiaux. Les recherches sur de nouvelles variétés de cultures bénéficient actuellement à plus de 100 millions d'Africains, et le Royaume-Uni aspire à étendre ce modèle à l'échelle mondiale, comme l'a souligné le Premier ministre britannique, Rishi Sunak.
«Nous souhaitons aller plus loin en créant un centre scientifique axé sur la recherche de variétés de riz résistantes aux inondations et de variétés de blé résistantes aux épidémies. Ces recherches profiteront à des millions de personnes dans les pays pauvres, tout en améliorant les rendements des cultures au Royaume-Uni, contribuant ainsi à la réduction des prix des denrées alimentaires», a-t-il expliqué.
Dans l'immédiat, pour répondre aux crises alimentaires urgentes dans de nombreuses régions du monde, les représentants de plus de 20 pays et de nombreuses organisations internationales ont d'ores et déjà pris de nombreux engagements financiers importants. Le gouvernement britannique a annoncé qu'il attribuerait 100 millions de livres (près de 125 millions de dollars) aux «points chauds» d'insécurité alimentaire, tels que l'Éthiopie, le Soudan, le Soudan du Sud, l'Afghanistan, le Malawi et la région du Sahel. Londres accordera également 100 millions de livres supplémentaires pour aider la Somalie à développer des modèles agricoles résilients au changement climatique. Le Royaume-Uni s'est également engagé à fournir 16 millions de livres (près de 20 millions de dollars) au Fonds international pour la nutrition infantile. La ministre du Changement climatique et de l'Environnement des Émirats arabes unis, Mariam Al Mheiri, a quant à elle suggéré que la réponse durable de l'alimentation et de l'agriculture au changement climatique devrait faire l'objet de discussions lors du Sommet des Nations Unies sur le climat - COP28, qui débutera le 30 novembre prochain à Dubaï, aux Émirats arabes unis.