(VOVWORLD) - Dông Môn est un village de la banlieue de Hai Phong qui passe pour être l’un des berceaux du ca trù, en tout cas dans la région littorale du Nord. Depuis deux siècles, les villageois se passionnent pour cet art musical. S’ils ne peuvent plus en vivre, comme c’était le cas à l’époque de leurs prédécesseurs, ils continuent tout de même de le pratiquer et de le faire prospérer.
Le club de ca trù de Dông Môn a formé des dizaines de chanteuses.
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Le club de ca trù de Dông Môn a formé des dizaines de chanteuses. Dô Thi Yên et Nguyên Kim Ngân sont toutes deux à l’école primaire. Elles attendent avec impatience le samedi pour apprendre ce chant à la maison communale.
«Ça fait 3 mois que j’apprends le ca trù et je sais déjà jouer des castagnettes et chanter des phrases simples. J’adore ça. Mes grands-parents m’ont raconté l’histoire musicale du village et je souhaite perpétuer la tradition», dit Yên.
«Ma mère m’a appris les premières phrases de ca trù quand j’avais 6 ans. Ça m’a poussée à suivre ce cours à la maison communale. Il m’est déjà arrivé d’accompagner ma mère à un concert et d’y chanter avec elle», raconte Ngân.
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Les annales du village indiquent que celui qui a introduit le ca trù à Dông Môn, il y a de cela plus de 200 ans, est un certain Tô Tiên, maître d’une troupe de Kinh Môn, dans la province voisine de Hai Duong. Désireux de développer cet art réservé aux fins connaisseurs de musique et de poésie à Dông Môn, ce fameux Tô Tiên a demandé la permission aux responsables des grandes corporations régionales. Ces derniers l’ont autorisé à prendre les pieds de quelques bâtonnets d’encens déjà consumés dans le brûle-encens posé sur l’autel dédié au prince Dinh Du et à la princesse Man Duong Hoa, qui sont les deux créateurs du ca trù, pour les replanter dans le vase à encens de la maison communale de Dông Môn. Cet acte rituel marquera l’introduction officielle du ca trù à Dông Môn, où Tô Tiên a ensuite formé des chanteuses et des musiciens parmi les plus réputés de la région.
Mais il faudra attendre les années 1940 pour que le ca trù connaisse son âge d’or à Dông Môn. Le village comptait alors plusieurs dizaines de troupes familiales, nous raconte Tô Van Tuyên, un descendant de Tô Tiên.
«A cette époque, toutes les familles envoyaient leurs enfants apprendre le ca trù, qui s’avérait être un art très lucratif. Le village vibrait aux sons du luth et des castagnettes. Beaucoup de nos chanteuses et de nos musiciens sont allés créer des salles de ca trù dans d’autres villes», dit-il.
Pendant la guerre et jusqu’au début des années 1990, les villageois ont dû mettre de côté leur amour du ca trù pour accomplir la double mission des Vietnamiens du Nord de l’époque : combattre l’ennemi et participer à la production. En 1992-1993, les premiers efforts de restauration ont été entrepris. Les derniers artistes encore en vie ont transmis leur savoir aux jeunes qui ont rapidement su reprendre le flambeau. Tô Van Tuyên a ainsi obtenu en 2018 le prix national du meilleur joueur de luth.
Tous les ans, à l’occasion de l’anniversaire des deux créateurs du ca trù, le prince Dinh Du et la princesse Man Duong Hoa, une cérémonie a lieu dans la cour de la maison communale avec tous les rites traditionnels et évidemment un concert de ca trù. Mais ce chant résonne également lors d’activités communautaires et à l’école. Trinh Thi Hoai Nam, enseignante à l’école primaire Hoa Binh 1, est aussi chanteuse et professeure de ca trù à ses heures perdues.
«Notre école a le double avantage de se trouver tout près de la maison communale et d’être constamment encouragée par les autorités supérieures. Nous sommes sur le point d’élaborer un projet de préservation du ca trù à l’échelle du district. C’est un art que les enfants adorent, toutes les représentations artistiques de notre école comprennent des numéros de ca trù», fait-elle observer.
Vous l’aurez compris, le ca trù à Dông Môn a encore de beaux jours devant lui.