(VOVWORLD) - Les
chercheurs ont découvert plusieurs centaines d’épopées des différentes
communautés ethniques vivant sur les Hauts plateaux du Tây Nguyên. Plus de 200
d’entre elles ont été répertoriées et ont été ou vont bientôt être publiés. D’après
des chercheurs, il s’agit d’un énorme trésor culturel, comparable à la
mythologie grecque!
A côté d’épopées indépendantes
de longueur moyenne comme Dam San (2077 vers) et Khinh Du (5880 vers), qui
appartiennent toutes deux à l’ethnie Edê, il existe d’autres épopées dites inclusives
composées d’une série de contes liés les uns aux autres. Il s’agit d’Ot Drông,
des Mnong, de Dong, des Banar, et de Dam Duông, des Sedang. Chacune de ces épopées
comprend une bonne centaine de contes. Certains spécialistes affirment que ces
œuvres comptent parmi les plus longues épopées du monde, et qu’elles peuvent
aisément rivaliser avec le Ramayana de l’Inde ou le Kalevala de la Finlande.
Evoquant les événements
majeurs qu’ont vécus les peuples autochtones, les épopées du Tây Nguyên
établissent le panorama de l’époque dans laquelle elles ont été créées. Les
personnages ne représentent pas des individus, mais plutôt leur communauté. Ils
portent en eux les rêves tantôt romantiques tantôt grandioses de cette
communauté. Forts d’un physique et d’une puissance exceptionnels, ils
combattent avec courage et talent. Sous leur direction, les communautés se
développent, prospèrent et accumulent les exploits.
"Les personnages
principaux des épopées du Tây Nguyên se ressemblent plus ou moins, mais chaque
peuple leur donnent un nom différent. Par exemple, le héros des Banar s’appelle
Zuông, celui des Sedang s’appelle Duông… La grande différence réside dans les
actions qu’ils effectuent. Le héros des Banar fait autre chose que celui des
Sedang", indique Ajar de Kon Tum, l’un des conteurs les plus respectés de la
région.
Si les épopées
mondialement connues telles que l’Iliade, l’Odyssée, le Ramayana ou le Kalevala
ne doivent leur survie qu’aux livres et aux diverses adaptations qui en ont été
faites, celles du Tây Nguyên, elles, sont jalousement préservées par la
population. Elles continuent d’être racontées et interprétées à l’occasion des
rassemblements communautaires, et d’être transmises et complétées de génération
en génération. C’est un trésor vivant, comme l’affirme le professeur associé Vo
Quang Trong, directeur du musée d’Ethnographie du Vietnam, qui a l’ambition de
le valoriser davantage.
"Les épopées Mnong
sont dans la grande majorité en vers, celles des Banar et Sedang existent sous
les deux formes, vers et prose. Le grand problème actuellement, c’est qu’aucun
traducteur n’est encore capable de traduire ces oeuvres en vietnamien et en
vers. Nous devons donc nous contenter de traductions en prose qui rendent
compte seulement des idées principales, ce qui dévalorise plus ou moins
l’oeuvre initiale", nous dit-il. "J’espère qu’à l’avenir, il y aura des traducteurs
talentueux qui seront capables de relever ce défi."
Immortalisant le
passé d’un peuple, les épopées traduisent les aspirations de celui-ci au
bonheur et à la prospérité. Elles chantent l’amour, la générosité et le courage
de l’Homme devant les défis posés par la nature et devant le mal. Celles des
différentes minorités ethniques du Tây Nguyên contribuent ainsi à la diversité
et à la richesse de la culture vietnamienne, témoignant du courage, de la
persévérance et de l’indomptabilité du peuple vietnamien dans sa lutte
plurimillénaire pour survivre et se développer.