Photo: Thùy Linh/VOV5

Au cœur de l’espace d’art Ái Trà, un univers tranquille, presque méditatif, accueille les visiteurs. Autrefois utilisé pour les estampes populaires de Dông Hô ou les calligraphies anciennes, le papier dó, ici, prend vie sous une forme nouvelle, entre traditions et cultures. Des formes suspendues, des plis délicats et subtils… Le souffle du Vietnam est présent dans chaque pli.

“Cette exposition présente vingt modèles d’origami, chacun porteur de sa propre histoire. Plutôt que d’utiliser des modèles de pliage traditionnellement associés au Vietnam, j’ai choisi le papier dó comme matériau principal. Il est important de rappeler que le papier dó constitue un patrimoine vietnamien durable. Grâce à lui, je peux tisser des liens entre la culture vietnamienne et celles d’autres pays, en créant des œuvres accessibles à tous, y compris aux étrangers. Ainsi, ces créations deviennent une porte ouverte vers la découverte de l’art, du papier dó, du patrimoine vietnamien et du Vietnam lui-même”, nous confie Nguyên Nam Son.

Photo: Thùy Linh/VOV5

Et le pari est réussi. Chaque pli, chaque texture raconte une histoire, une émotion. Des créatures mythiques, des animaux familiers, mais aussi des symboles issus de cultures étrangères s’entremêlent dans une harmonie singulière.

“Je souhaite faire découvrir le papier dó au plus grand nombre, non seulement au Vietnam, mais aussi à travers le monde. Pour moi, l’origami et le papier dó représentent un véritable dialogue culturel : le Japon d’un côté, le Vietnam de l’autre, rejoints par d’autres traditions et mythologies, comme le morse issu de la Grèce antique ou le cheval à huit pattes de la mythologie nordique”, poursuit Nguyên Nam Son.

L'origamiste Nguyên Nam Son (au milieu) et Nguyên Thanh Hiên, fondatrice de l’espace Ái Trà (première à gauche) Photo: Thùy Linh/VOV5

Un dialogue d’une finesse rare, où chaque œuvre semble respirer. Dans la lumière douce de l’espace Ái Trà, les créations de Nguyên Nam Son prennent presque vie, oscillant entre fragilité et puissance.

“J’adore tous les arts et artisanats traditionnels vietnamiens. J’apprécie particulièrement les jeunes qui s’intéressent à la culture du pays, comme Son. Parti d’un simple pliage de papier origami, il a ensuite intégré le papier dó dans ses créations. Je suis profondément touché par cette évolution, qui incarne à la fois l’acceptation et la transformation”, salue Nguyên Thanh Hiên, fondatrice de l’espace Ái Trà.

Photo: Thùy Linh/VOV5

Une transformation qui touche aussi le public. Car face à ces sculptures de papier, l’émotion est palpable.

“La première fois que j’ai rencontré Son, j’ai été profondément impressionné par ses modèles pliés, dits origami. Même si je connaissais déjà l’origami, je n’y avais jamais porté un réel intérêt. Je ne m’attendais pas à découvrir qu’entre les mains d’un artiste, de simples morceaux de papier pouvaient se transformer en œuvres d’art aussi remarquables. C’est Son qui m’a donné envie. Ce que j’apprécie le plus chez Son, c’est sa minutie, mais aussi la manière dont il insuffle une âme à ses créations en racontant les histoires qui les accompagnent”, partage Nguyên Thi Hà Bac, une visiteuse.

Photo: Thùy Linh/VOV5

“Aujourd’hui, j’ai l’impression vivre au ralenti, dans un temps suspendu - mon âme est en paix. En contemplant ces modèles d’origami, je ressens une grande fierté pour mon ami. Ces œuvres ne sont pas dénuées d’âme: Son y a mis beaucoup de réflexion, d’émotion, d’efforts… et parfois même des larmes. Encore toutes mes félicitations, Son», nous dit Hoàng Hang, une autre visiteuse.

«Nêp Dó» est bien plus qu’une exposition. C’est une rencontre entre le geste ancien et la vision contemporaine, entre la matière et la conception. À travers chaque pli, Nguyên Nam Son rend hommage à la beauté du Vietnam, tout en invitant au dialogue des cultures. Un pli après l’autre, son art nous rappelle que la tradition n’est pas figée : elle se déploie, comme une feuille de papier dó, sous les doigts d’une nouvelle génération d’artistes.