Hanoï-Sherbrooke: La promesse d’une rencontre

(VOVWORLD) - Durant tout le mois de mai, un accent québécois se mêlait au vietnamien dans les couloirs de l’Université de Hanoï. Ces voix sont reparties, mais elles ont laissé la trace d’une promesse tenue: celle d’une rencontre inoubliable entre des étudiants du Cégep de Sherbrooke et leurs jumeaux de Hanoï.
Hanoï-Sherbrooke: La promesse d’une rencontre - ảnh 1La cohorte du stage au Vietnam, année 2024-2025. Photo: Stage au Vietnam du Cégep de Sherbrooke

Pour vingt étudiants en sciences humaines du Cégep de Sherbrooke, au Canada, ce stage n’était pas un simple voyage. C’était l’aboutissement d’une longue préparation, la promesse d’une rencontre. Une rencontre rendue possible grâce à une collaboration solide, qui unit depuis 2009 le Cégep de Sherbrooke et l’Université de Hanoï.

Mais avant la rencontre, il y a l’imagination. Et quelle image avaient ces jeunes Canadiens du Vietnam? Souvent, celle des films…

“Avant de faire le stage, j’avais vraiment une vision un peu comme dans les films américains qu’on voit à la télé. Je savais que cette vision-là était complètement désuète, mais je savais pas non plus à quoi m’attendre du Vietnam moderne contemporain”, dit une étudiante.

“Je pensais que vous étiez un peu moins ouvert au monde et vraiment pris dans la tradition”, se confie un autre.

Une tradition immuable, un passé marqué par la guerre… Ces clichés ont volé en éclats dès les premiers jours. En arrivant à Hanoï, ce que les étudiants canadiens ont découvert, c’est un pays vibrant, et des Vietnamiens “modernes” et “ouverts au monde autant économiquement que culturellement”.

La clé de cette découverte? Le programme de jumelage. Chaque étudiant québécois est associé à un étudiant vietnamien du Département de Français. Ils deviennent des guides, des traducteurs... et bien plus que ça. Des amis, qui ouvrent les portes de leur quotidien. C’est à leurs côtés que les Canadiens ont arpenté les rues animées du vieux quartier de Hanoï, visité le Temple de la Littérature ou le Musée d’ethnographie. Ensemble, ils ont mené des entrevues pour leur projet de documentaire et ont même voyagé pour des excursions mémorables à Ninh Binh ou Sapa. C’est dans cette interaction constante que les apprentissages mutuels les plus surprenants prennent vie.

Hanoï-Sherbrooke: La promesse d’une rencontre - ảnh 2Rencontre entre les étudiants des deux établissments à Hanoi. Photo: Département de français - Université de Hanoi.

Alors, concrètement, qu’est-ce qui a le plus marqué ces jeunes? La réponse est unanime: la famille. Une révélation que Louka décrit avec une émotion palpable.

“Les Vietnamiens sont en famille en fait, les Vietnamiens sont en relation tout le temps. Le fait d’arriver dans une famille, tu viens comme l’autre enfant qui vient juste de jouer, qui est là pour un mois. Donc je me sens aimé à sa place. Tous les beaux commentaires que je pourrais dire en fait. C’est incroyable, c’est un bon jeu. Sa mère en prend soin de moi, comme si j’étais An. Elle me fait manger chaque jour, quand je suis là. Elle nous apporte de l’eau aussi. C’est différent quand même du Canada, que nous, on doit faire ça un peu nous-mêmes”, nous dit-il.

Et de l’autre côté du miroir? Qu’est-ce qui a surpris les étudiants vietnamiens ? Une chose, simple, mais qui en dit long. La ponctualité! 

“Une chose qui m’a vraiment surprise, c’est la ponctualité de ma jumelle. C’est assez différent de l’image que je me faisais d’elle à travers nos échanges sur Messenger, où on avait l’habitude de parler un peu plus tard. Son habitude d’être ponctuel m’a vraiment impressionnée”, partage Thuy Tiên.

Cet échange, c’est une véritable conversation entre deux cultures. Les Québécois sont impressionnés par le dévouement de leurs jumeaux vietnamiens à leurs études, par le temps qu’ils investissent pour apprendre le français. Les Vietnamiens, eux, sont touchés par la curiosité de leurs nouveaux amis. 

“J’ai vu qu’il faisait des efforts pour apprendre à utiliser les baguettes, pour découvrir la culture vietnamienne. Il me pose aussi beaucoup de questions, et il était particulièrement curieux au sujet de la culture de ma famille. Il m’a même appris à faire des crêpes !”, confie Quôc An, qui est en jumelage avec Louka.

Apprendre à faire des crêpes à Hanoï... Le symbole d’un pont réussi. Bien sûr, tout n’a pas été simple. Il a fallu s’adapter à une nouvelle nourriture, à la chaleur, au décalage horaire, et parfois, surmonter la barrière de la langue. Une expérience qui n’est donc pas un long fleuve tranquille. C’est un défi. Un défi qui fait grandir, selon Caroline Desruisseaux, une professeure qui accompagnait ces étudiants québécois dans ce stage. 

"Choc culturel, apprentissage des relations avec leurs jumeaux-jumelles, mais aussi avec l’ensemble du groupe, à de nouvelles nourritures, nouvelles conditions de vie, on s’ennuie de la maison qui est loin. Bref, toutes sortes de défis, d’enjeux, d’obstacles dans lesquels ils doivent traverser pour en sortir grandis finalement", a-t-elle précisé.

Et le résultat de ce parcours est puissant. Marie Bolduc, une autre professeure qui accompagnait ces étudiants québécois, a remarqué une transformation étonnante.

"Quand ils reviennent à la maison, je pense qu’ils savourent peut-être plus la chance qu’ils ont d’avoir une famille, le temps à passer avec les parents. Et donc, ils ont envie de revenir à la maison et aussi de générer ces liens très profonds qu’ils ont sentis dans leur famille vietnamienne. Donc, c’est un beau legs que le Vietnam fait à nos étudiants.", a-t-elle partagé.
Hanoï-Sherbrooke: La promesse d’une rencontre - ảnh 3Des étudiants en voyage à Sapa. Photo: Stage au Vietnam du Cégep de Sherbrooke

Un héritage, un cadeau. Ces cinq semaines au Vietnam ont agi comme un véritable déclencheur. Les étudiants sont repartis avec un regard neuf sur le Vietnam, mais aussi sur eux-mêmes. Et pour les étudiants vietnamiens, c’est une fenêtre qui s’ouvre. Comme le dit Thuy Tiên, cette rencontre lui a donné envie “d’apprendre et d’explorer d’autres cultures dans le monde”.

Au final, la promesse de la rencontre a été plus que tenue. Elle a semé des graines d’amitié et de curiosité qui continueront, sans aucun doute, de grandir, de part et d’autre du globe.

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