Philippe Tabarot: “Quand je parle de l’expertise de la France, c’est une expertise et une expérience amicale”

(VOVWORLD) - Dans le cadre du partenariat stratégique global établi en octobre dernier à l’occasion de la visite en France du secrétaire général du Parti communiste vietnamien Tô Lâm, le Vietnam et la France ont émis le souhait de développer leur coopération dans le domaine ferroviaire. C’est dans cette dynamique que Philippe Tabarot, ministre délégué aux Transports auprès du ministère français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, s’est rendu au Vietnam en mars pour une visite de travail. Lors de cette visite intense, il a eu des rencontres fructueuses avec les dirigeants vietnamiens, participé au séminaire sur la ligne à grande vitesse Nord-Sud et exploré la section aérienne de la ligne de métro numéro 3 de Hanoi, l’un des projets emblématiques de la coopération franco-vietnamienne.  

Philippe Tabarot: “Quand je parle de l’expertise de la France, c’est une expertise et une expérience amicale” - ảnh 1Philippe Tabarot, ministre délégué aux Transports auprès du ministère français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Photo: VOV5

Philippe Tabarot: Même si le calendrier n’a pas tout à fait été suivi, la qualité est au rendez-vous. Je me réjouis de ces avancées et souhaite que ce projet se poursuive avec les mêmes acteurs, notamment les entreprises françaises, car nous disposons d’une véritable expertise en mobilité urbaine, tout comme en grande vitesse. Des entreprises telles que la RATP, Alstom ou Systra, reconnues mondialement, ont contribué à ce projet et, je l’espère, continueront à le faire. Comme me l’a confié le Premier ministre vietnamien, ce projet est loin d’être achevé et doit s’étendre à moyen et long terme sur l’ensemble de Hanoï et au-delà.

VOVWorld: Le Vietnam envisage d’investir dans la construction d’une ligne à grande vitesse Nord-Sud. Fort de l’expérience de la France dans ce domaine, comment évaluez-vous le potentiel de ce projet?

Philippe Tabarot: C’est un projet ambitieux, mais à la hauteur des ambitions du Vietnam. Réaliser 1.500 km de lignes à grande vitesse, c’est quelque chose d’impressionnant, mais qui est possible parce que, notamment en France, nous avons une vraie expertise sur ces sujets. Nous avons été les premiers dans les années 80 à lancer les lignes à grande vitesse. En France, il y a environ 65 millions d’habitants et 130 millions de personnes qui prennent le TGV. C’est un mode de déplacement à la fois pour les personnes actives, pour les personnes qui font du tourisme, et je ne doute pas un seul instant que le magnifique projet entre Hanoï et Hô Chi Minh-ville sur votre territoire va connaître un franc succès.

VOVWorld: Comment la France peut-elle accompagner le Vietnam dans la mise en œuvre et l’adaptation de son expertise ferroviaire?

Philippe Tabarot: Quand je parle de l’expertise de la France, c’est une expertise et une expérience amicale. Nous avons un savoir-faire et nous souhaitons le partager avec un pays ami. Je crois qu'avant tout, il faut une volonté politique forte. Je sais qu’elle existe, puisque c’est un projet porté par le gouvernement, mais aussi par l’Assemblée nationale vietnamienne. C’est un projet qui doit rassembler les territoires, les élus, les habitants ainsi que les entreprises disposant d’un savoir-faire à différents stades du projet: de sa conception, à travers l’ingénierie, jusqu’à sa réalisation, puis son exploitation. À chaque étape de la mise en œuvre d’un tel projet, des entreprises possédant une expertise nationale et internationale interviennent. Parmi elles, les entreprises françaises, reconnues mondialement, peuvent apporter de précieux conseils et transmettre leur savoir, notamment aux jeunes qui pourraient être impliqués dans ce projet. Il s’agit également d’un transfert de technologies, domaine dans lequel nous sommes à la pointe. Par ailleurs, en matière d’exploitation, de matériel et de maintenance, la France bénéficie d’une expertise largement reconnue à l’échelle mondiale. Un cadre financier est bien entendu nécessaire, mais je suis convaincu que le gouvernement est prêt à fournir les efforts requis pour le mener à bien et qu’il pourra trouver des partenaires privés, tant internationaux que français, pour l’accompagner.

VOVWorld: Quelle approche la France propose-t-elle pour accompagner le Vietnam dans ce projet tout en assurant une participation directe des acteurs vietnamiens à chaque étape?

Philippe Tabarot: Certains partenaires feront des propositions pour réaliser l’équipement de A à Z, en excluant, d’une certaine manière, les Vietnamiens. Ce n’est pas notre volonté, et ce n’est pas ainsi que procèdent les Français. Je voudrais citer l’exemple du Maroc, où, dans le domaine de la grande vitesse, la France accompagne le gouvernement marocain dans un formidable projet en cours de réalisation. Celui-ci devrait être achevé à temps pour la Coupe du monde de football de 2030. Ce que souhaite la France, c’est mener ce projet à bien, si les conditions le permettent, en collaboration avec les Vietnamiens. Car la clé de la réussite réside dans la maîtrise de la conception, dans le financement, mais aussi dans la réalisation. Je sais que c’est la volonté du gouvernement vietnamien, ce qui constitue un véritable gage de succès. C’est dans ce cadre que la France pourrait accompagner le Vietnam, en veillant avant tout à ce que le projet soit porté par les Vietnamiens eux-mêmes.

VOVWorld: La neutralité carbone d’ici 2050 est un objectif ambitieux pour le Vietnam. Selon vous, au-delà du ferroviaire, quelles autres solutions le pays peut-il mettre en place pour décarboner ses transports?

Philippe Tabarot: Le ferroviaire, notamment grâce à l’électrification, est de toute évidence le mode de transport le moins polluant et l’un des plus modernes en matière de décarbonation. Cependant, d’autres solutions existent pour réduire l’empreinte carbone des transports. Le Vietnam développe de nombreux projets dans le secteur aérien, qui restent complémentaires. Ce secteur est en pleine mutation avec l’adoption de nouveaux carburants et l’arrivée d’appareils moins polluants, comme ceux développés par Airbus, permettant une réduction significative des émissions. Si le train et le ferroviaire constituent l’épine dorsale des mobilités durables du futur, d’autres modes de transport, bien qu’irremplaçables dans certaines situations, peuvent aussi être décarbonés. Ce qui importe avant tout, c’est la volonté politique forte du Vietnam, qui s'est engagé, aux côtés de la France et d’autres nations, à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Nous tâcherons d’accompagner cette transition grâce à nos technologies et notre expertise, que ce soit à travers le développement du ferroviaire à grande vitesse, la décarbonation du transport routier ou encore celle du transport aérien, avec de nouveaux appareils et carburants innovants.

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