(VOVWORLD) - Dans les montagnes reculées de Muong Nhe, à Diên Biên, la communauté Hà Nhi perpétue avec fierté ses traditions ancestrales. Parmi elles, le chapeau tressé, qui est bien plus qu’un simple objet du quotidien: c’est un symbole d’identité, indispensable dans la vie et les rites de ce peuple.
Le chapeau tressé des Hà Nhi. Photo: Tòng Anh |
Depuis des générations, le chapeau tressé accompagne les Hà Nhi de Muong Nhe. Hommes et femmes le portent pour se protéger du soleil ou de la pluie, que ce soit aux champs ou dans les rizières. Mouillé, il est suspendu au-dessus du foyer, séchant rapidement tout en s’imprégnant de la fumée, ce qui lui confère une durabilité de plusieurs années. Dans les mariages, il joue un rôle sacré: une jeune fille Hà Nhi, parée de ses habits traditionnels et d’une hotte, doit porter ce chapeau tout au long du chemin vers la maison de son époux, en veillant à ne jamais le laisser tomber. Chang Kho Po, du village de Sen Thuong, nous en dit plus.
«Quand une fille se marie, ses parents lui offrent un chapeau. C’est comme un cadeau de dot, un symbole précieux. Elle doit le porter depuis la maison familiale jusqu’à celle de son mari, avant la cérémonie. Ce présent est conservé avec soin, car il incarne l’identité du peuple Hà Nhi», indique-t-elle.
Chang Chang Sinh, un artisan du village de Sen Thuong. Photo: Tòng Anh |
Contrairement au chapeau conique des Kinh majoritaires, plus large, le chapeau tressé des Hà Nhi est compact, avec un bord légèrement incurvé, tressé à partir de lianes de giang, une variété de bambou particulièrement souple et résistante. Chang Chang Sinh, artisan du village de Sen Thuong, nous explique que cet art est ancré dans la culture locale, appris dès l’enfance. Lui-même, initié par son père et son grand-père, maîtrise cette technique depuis ses 12 ans et continue de tresser pour sa famille, les villageois et les troupes culturelles.
«Pour tresser un chapeau, il faut aller en forêt choisir des giang intacts, sans branches cassées, car elles deviendraient friables ou vulnérables aux insectes. Une fois rapportées, on les sèche et on les polit avec un couteau bien aiguisé. Polir est l’étape la plus délicate, elle demande patience et précision. À l’intérieur, un cadre maintient la structure. À l’extérieur, le tressage est serré pour bloquer la pluie. Un chapeau solide prend trois jours à fabriquer», précise-t-il.
Photo: Tòng Anh |
À Sen Thuong, où vivent près de 100 foyers Hà Nhì, des artisans comme Chang Chang Sinh maintiennent cette tradition vivante. Avec d’autres aînés, il enseigne désormais aux jeunes, déterminé à transmettre ce savoir.
«Les jeunes qui veulent apprendre viennent vers nous. Pour enseigner le tressage du chapeau, je mets tout mon cœur à transmettre notre héritage, pour que la culture Hà Nhi perdure», déclare Sinh.
Pour Chang Chang Sinh et les gardiens de la culture Hà Nhì, le chapeau tressé tisse un fil ténu reliant passé et avenir, comme un chant qui résonne dans les rizières, les noces et les danses, portant l’âme d’un peuple à travers les âges.