Louis Mantin était un personnage important de la ville de Moulin, chef-lieu du département de l’Allier, en France. A la fin du 19^e siècle, il a fait construire la première maison électrifiée de la ville, dotée de tout le confort moderne, pour l’époque. Louis Mantin a légué sa maison à la ville de Moulin en souhaitant qu’elle soit ouverte au public cent ans après sa mort. L’objectif, selon ses propres mots, est de « montrer aux visiteurs un spécimen d’habitation bourgeoise au 19^e siècle ». C’est donc depuis peu de temps que la maison de Louis Mantin a reouvert ses portes.

Dès l’entrée principale, on voit tout de suite qu’on se trouve dans la maison de quelqu’un de très important. En effet, les murs sont recouverts de tapisseries de verdure. On peut voir également une vitrine aux armes, un meuble très imposant, avec des têtes qui sortent du meuble.

Nous sommes maintenant dans le salon, meublé selon une goût éclectique. On y trouve notamment une statue en bronze qui évoque l’antiquité. Les meubles datent du 18^e siècle.  Il y a également un très beau lustre de l’époque empire qui est tout en cristal. Vincent, notre guide, nous explique : « Ce lustre a une particularité. A l’intérieur, vous voyez des ampoules bleu, blanc, rouge. Louis Mantin était sous préfet. Il était donc un fonctionnaire au service de l’Etat. Il semble qu’il développait un goût patriotique assez poussé pour pouvoir mettre le drapeau tricolore dans son luminaire. Ici, ce sont les vraies ampoules du 19^e siècles, dont les ampoules qui ont plus de 100 ans. »

Le salon avec le lustre et sa disposition exceptionnelle (photo : Jérôme Jaillet)

Le salon a une disposition exceptionnelle, qui est intéressante au niveau de l’architecture. Au dessus de la cheminée, normalement, dans les grandes maisons et les châteaux, on trouve des miroirs. Ici, c’est une vitre. « Cette vitre permet de voir directement le bureau qui se trouve derrière. Les deux pièces sont éclairées de manière optimale. Du coup, le miroir que l’on trouve d’habitude au dessus de la cheminée, là, on trouve dans les portes. Une inversion. Cette disposition est également très pratique, puisque lors ce que M. Mantin reçoit ici dans son salon et dans son bureau, quand on ouvre les deux portes de chaque côté de la cheminée et qu’on relève le rideau derrière, on a l’impression d’être dans une seule et même salle. » A souligné Vincent.

Par rapport au salon, le bureau est plus sombre, plus austère, avec plus de bois et moins de dorure. On y trouve notamment un mobilier Louis XIII et une très belle cheminée qui évoque le style de la Renaissance, avec des corniches en haut, et des pilastres de chaque côté qui entourent les niches où sont placées des statues. Contre la cheminée, il y a un téléphone, une des dernières innovations techniques du 19^e siècle. Il faut savoir qu’en 1905, à la mort de Louis Mantin, à Moulin, seulement 11 personnes possedaient le téléphone !

La salle de bain, tout comme le reste de la maison, est à la pointe de la technique, selon Vincent : « Vous allez voir une baignoire, avec l’eau chaude et froide courante, un mitigeur qui permet de mélanger l’eau chaude et froide et dans ce mitigeur, il y a un thermomètre figé dedans qui permet de savoir exactement quelle température on va prendre son bain. En face de vous, vous allez voir un placard métallique dans lequel on mettait sa serviette, l’eau chaude circulait tout autour et permettait de chauffer la serviette. Au cas où l’eau chaude ne marchait pas, ce placard marchait également avec la cheminée. Donc, on n’était pas sur avoir un bain chaud, par contre, on était sur d’avoir une serviette toute chaude en sortant du bain. »

Sur un palier, Vincent nous montre une grande photo accrochée au mur : « C’est une photo de la lune. Elle est assez intéressante, parce qu’elle date de 1858. Cette année là, l’appareil photo est inventé depuis seulement 19 ans. Vous pouvez voir qu’ici on a une très belle photo, d’une part parce qu’elle est très grande, et d’autre part, parce qu’elle est aussi très nette. C’est aussi un véritable tour de force de la part du photographe d’avoir réussi à faire une photo si belle. On suppose qu’il ait du mettre sur son objectif une paire de jumelles, ou alors un télescope, pour arriver à zoomer, parce qu’à l’époque, le zoom n’existait pas. »

La cheminée dans le cabinet de curiosité (photo : Jérôme Jaillet)

Mais le centre d’intérêt de la maison est sans doute le cabinet de curiosité, une pièce où, à l’époque, on accumulait toute sorte d’objets pour les montrer à ses visiteurs, soit qu’on ait voyagé très loin, soit qu’on ait trouvé des choses un petit peu bizarre. Vincent attire notre attention sur la cheminée : « Sur le manteau, vous avez ici des porcelaines de Chine qui sont incrustées dans la faïence. Vous avez également des trophées de chasse, des petits animaux qui sont en biscuit, donc la porcelaine. On a l’impression que c’est des vrais. Au centre, ici, vous avez une scène vraiment extraordinaire. C’est le diable qui combat le dragon. C’est une scène qui n’existe nulle part, ni dans la Bible, ni dans la mythologie, ça sort tout droit de l’imaginaire de Louis Mantin. Les cornes du diable que vous voyez sont des griffes de coque. Les griffes du dragon sont des vraies serres d’oiseaux. »

Dans ce bureau qui ressemble à un musée, on voit des vitrines dans lesquelles sont exposées des collections d’œuvres d’art, mais aussi des antiquités romaines et grecques. Louis Mantin a voulu étonner les visiteurs à l’époque. Ceux d’aujourd’hui ne le sont pas moins :

« Je trouve que la vie de ce monsieur à l’époque était vraiment impressionnante. Tout l’immeuble est bien conservé. Pour moi, c’était chouette ! »

« J’aime bien ce musée. Les tableaux, tout ce qu’il y a ici, l’histoire de cet endroit."

"On voit qu’il y a beaucoup de personnes qui se sont réunies pour réparer tout ça, donc forcément, beaucoup de travail derrière. On voit ses impressionnantes collections. Louis Mantin était un personnage éclectique, donc qui utilisait et aimait beaucoup l’art."

 La maison ressemble à un portrait de Louis Mantin. On a l’impression que celui-ci a voulu se survivre dans cette maison donnée à la postérité, en nous conviant à percer le mystère de sa vie.