Les jeunes et l’écrit

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Photo : internet

(VOVworld) - L’ère de l’électronique à outrance a changé le rapport à l’écrit des jeunes générations. On entend parfois dire que les jeunes ne savent plus écrire depuis l’avènement des réseaux sociaux… Faux, a-t-on envie de rétorquer en montrant toutes ces œuvres de jeunes écrivains que s’entassent dans les librairies. Eh oui, des jeunes qui choisissent de s’exprimer par l’écrit, il en existe encore, qu’on se le dise ! A la rencontre des trois jeunes écrivains : Dili, Minh Mân et Hân Nhu. Nées en 1979, 1986 et 1989, ces trois jeunes femmes sont déjà connues des lecteurs. Dili est l’auteur de « Premier étage », Minh Man, de « Vendeur de rayons de soleil », et Han Nhu, de « Ce n’est que par l’amour ».     

« J’attends ce rendez-vous depuis des mois.  J’aime bien les jeunes auteurs vietnamiens, notamment Dili, et aujourd’hui, je pourrai la voir de mes yeux et lui poser des questions, directement. » 

« Je suis ici pour rencontrer Han Nhu, mon auteur préféré. J’ai lu « Ce n’est que par l’amour » et j’ai été fasciné par son style. C’est moderne et audacieux ! »     

Réunis dans un café d’une centaine de mètres carrés, plus de 50 jeunes écoutent les trois jeunes femmes leur parler de littérature.  

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L'écrivain Dili

Ecrire, de nos jours, ce n’est plus aussi ardu qu’avant. L’ordinateur a remplacé la plume et les écrivains peuvent désormais travailler n’importe où et n’importe quand. Ngô Nhu Quynh, auteur de « J’ai besoin de ton amour » : « Avant de me lancer dans l’écriture d’un roman, il faut d’abord que je voyage, que je rencontre des gens, que j’emmagasine de l’expérience, du vécu… Ça fait partie du travail. J’aime bien me mettre à l’écoute des femmes, de leurs histoires d’amour… Quand on écrit pour soi, c’est simple… Mais si on envisage de publier, c’est une tout autre histoire. Ça suppose beaucoup de rigueur dans la manière de relater ou de décrire… »      

Ngo Nhu Quynh est une romancière qui commence à percer. Mais elle est également connue comme professeur de littérature et animatrice d’émissions télévisées. C’est en 2012 qu’elle a commencé à écrire. Elle a aussitôt trouvé un public.    

« Pour bien écrire bien, il faut absolument lire beaucoup. Un bon écrivain, c’est un bon lecteur… Mais c’est aussi un lecteur qui est capable de s’intéresser à des choses très diverses et très variées. Et puis la lecture permet d’apprendre des choses qu’aucune école ne peut enseigner. Aujourd’hui, je remarque que le genre autobiographique est très en vogue, plutôt dans le style « journal intime ». C’est une voie intéressante à explorer. »          

Changement de lieu. Nous sommes maintenant rue Dinh Liet, au marché aux livres. Il est 6 heures de l’après-midi.  

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marché aux livres sur la rue Dinh Liet

Jeunes et moins jeunes se sont donnés rendez-vous là. Une passion commune : la lecture. Vu Thuy Hoa, 55 ans. Elle vit près du marché aux livres. Elle cherche l’ouvrage d’un jeune écrivain:    

« Je lis beaucoup. J’aime bien découvrir les œuvres de jeunes auteurs qui m’apportent un éclairage nouveau sur la société dans laquelle je vis. Je trouve qu’ils adoptent en général un style très moderne, très original. Je suis en tout cas contente de voir que les jeunes aiment toujours lire et écrire. »         

Quant  à Dang Mai Linh, qui est étudiante à l’université de journalisme, elle estime que l’écrit est un mode d’expression privilégié :     

« L’écrit est un outil d’expression formidable, surtout pour les jeunes. Je m’intéresse beaucoup aux œuvres des jeunes auteurs vietnamiens. Il n’y a pas que des chefs d’œuvre, mais ça me permet d’aller à la découverte de nouveaux horizons. »

En réalité, l’écrit est omniprésent, ne serait-ce que sous forme de courriels ou de messages instantanés qu’on échange à longueur de journée. Mais de là à parler de littérature, c’est bien sûr une toute autre histoire, comme nous le fait remarquer Do Bich Thuy, qui écrit pour le journal « Quan Doi Nhan Dan » : « Paradoxalement, je trouve que les jeunes d’aujourd’hui écrivent énormément, notamment sur les réseaux sociaux, mais je ne suis pas du tout sûre que l’on puisse parler d’écriture au sens noble du terme. La technologie impose un rythme d’exécution  très rapide et un style haché, un peu télégraphique, qui envahit un peu tout. On finit même par trouver des « émoticones » dans des devoirs scolaires. Où va-t-on ? Il faudrait quand même établir une distinction claire entre la littérature et la messagerie instantanée qui est une chose assez triviale, finalement. Mais il est vrai que la littérature, l’écriture au sens noble du terme, ce n’est certainement pas cette facilité un peu factice que l’on retrouve un peu partout. »  

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Do Bich Thuy

   

Ngô Nhu Quynh est la première à le dire : vouloir s’exprimer par écrit, c’est déjà bien. Mais c’est comme pour beaucoup de choses, il faut parvenir à faire la différence entre l’envie et la volonté, entre la communication et la littérature…     

 

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