(VOVworld) - Un festin inédit de poèmes et de chansons a eu lieu le mois dernier à l’Ecole d’écriture Nguyên Du avec comme ingrédients des poèmes de Nguyên Duy et des chants traditionnels : l’occasion, pour les amateurs d’art traditionnel et de poésie, d’être les témoins d’un mariage pour le moins heureux entre des mélodies anciennes et les vers de l’un de nos plus grands poètes contemporains.
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A chaque poème son destin. Nombreux sont ceux de Nguyên Duy qui visiblement était destinés à la musique, à moins que la musique ne leur fût destinée...
Une question : pourquoi la musique folklorique s’adapte-t-elle aussi bien aux poèmes de Nguyên Duy ? Pham Xuân Nguyên, critique et chercheur littéraire, également ami intime du poète : « Tous ces chants folkloriques obéissent à des règles assez précises. Pour le châu van ou le xâm, par exemple, on utilise une métrique à 6-8. N’importe quel poème utilisant également une métrique 6-8 peut donc être associé à du xâm, surtout s’il est élégiaque ou mélancolique. Nguyên Duy est d’ailleurs connu pour avoir écrit des poèmes de ce genre. Il parle de la vie moderne, mais en utilisant des formes traditionnelles. Pas étonnant dès lors qu’il y ait cette connivence entre ses poèmes et des chants folkloriques comme le chèo, le xâm ou le châu van. »
Pour Dàm Quang Minh, féru de musique traditionnelle, ce mariage musique-poésie est dans la droite ligne des traditions artistiques vietnamiennes. « La poésie de Nguyên Duy est imprégnée de traditions vietnamiennes. Elle a une musicalité naturelle qui nous permet de créer des œuvres en puisant dans les formes traditionnelles. »
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Nguyên Duy était lui-même présent à cette soirée pluvieuse de mars. Il a raconté beaucoup d’anecdotes, sur lui autant que sur ses œuvres, faisant ainsi de cette rencontre une sorte de causerie amicale. « Je vivais avec ma grand-mère qui était elle-même un véritable trésor de culture folklorique. A travers des chansons, des poèmes populaires, des histoires cocasses, des contes de fée… elle nous a appris à nous comporter en homme. Ce sont des choses que j’ai dans le sang. Pour ce qui est de cette combinaison, ce n’est pas une chose à laquelle j’avais songé à priori. Cela étant, mes poèmes tirent leur inspiration de la tradition, alors ce n’est pas étonnant qu’ils puisse y avoir cette rencontre avec la musique folklorique. »
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« Je trouve très intéressant ce genre de programme et je souhaite qu’on en organise d’autres. La combinaison entre poèmes et musique traditionnelle existe depuis des centaines d’années. Ce sont les artistes eux-mêmes qui ont mis les poèmes de Nguyên Duy en chansons. »
« Même si je ne suis pas très familier du xâm ou des autres chants folkloriques, j’ai été fortement impressionné. De nos jours les jeunes tournent le dos à toutes ces valeurs précieuses et les laissent se perdre peu à peu. J’aimerais qu’il y ait davantage d’occasions comme celles-ci. »
Des chansons courtes, sur fond de musique folklorique, interprétées par des artistes de premier rang tels que Xuân Hoach, Thanh Hoài, Thanh Binh... Qu’ils soient professionnels ou simplement amateurs, les spectateurs ont été conquis. Difficile de trouver actuellement une mariage aussi réussi entre musique et poésie, comme nous l’explique Pham Xuân Nguyên : « Cette combinaison ne peut pas se faire sans harmonie entre poésie et musique. Tous les poèmes ne s’y prêtent pas comme ceux de Nguyên Duy. Ses poèmes ont une musicalité naturelle, héritée de la tradition, comme c’est le cas avec la poésie de Nguyên Du ou de Nguyên Binh. Par contre, les poèmes modernes, comme ceux de Nguyên Quang Thiêu, sont plus libres. Si on les déclamait, on finirait par les dénaturer. »
La mise en chanson folklorique de poèmes est un aspect récurrent de la culture vietnamienne. Il est heureux de constater que les temps modernes n’y ont rien changer et que les deux arts continuent ainsi de se magnifier mutuellement.