(VOVWORLD) - Dans la mégapole du Sud, une initiative est en train de faire des vagues.... Baptisé «Saigon vert», un collectif de jeunes passionnés s'est donné une mission: redonner vie aux canaux asphyxiés. Leur devise, aussi simple qu'ambitieuse: «Des rivières propres, une ville verte».
 À Hô Chi Minh-Ville, un groupe de jeunes écologistes nettoie les déchets, redonnant une nouvelle vie aux canaux. Photo: Ty Huynh/VOV |
Par ces matins frileux de fin d'année, alors que la ville s'éveille à peine, ces sentinelles de l'environnement sont déjà à pied d'œuvre. Gants aux mains et combinaisons sur le dos, ils n'hésitent pas à s'immerger dans les eaux sombres des canaux, bravant le froid et la boue pour leur noble cause.
«Ça fait bientôt un an que j'ai rejoint ‘Saigon vert’. Face à nos canaux étouffés par la pollution, je ne pouvais plus rester simple spectateur. Même si ma contribution peut sembler modeste, je veux unir mes forces à celles des autres volontaires. Ensemble, nous redonnons à notre ville ses couleurs: plus verte et plus propre. C'est aussi notre façon de prendre soin de la santé de tous les habitants», partage un jeune.
«Avant de rejoindre ‘Saigon vert’, je n'imaginais pas l'ampleur de la pollution dans nos canaux. C'est seulement en m'engageant sur le terrain que j'ai découvert la gravité de la situation. Certains canaux sont tellement affectés que nous devons y travailler du lever au coucher du soleil pour espérer en venir à bout», ajoute un autre.
Certains débroussaillent et nettoient les buissons, d'autres s'immergent dans l'eau pour collecter les déchets, tandis que d’autres encore s'affairent à regrouper les détritus sur la berge. Tous coordonnent leurs efforts avec une précision et une efficacité remarquables.
Cette armée pacifique du changement environnemental compte dans ses rangs des bénévoles âgés de 20 à 30 ans. Venus de tous horizons - employés de bureau, chauffeurs, étudiants - ils convergent deux fois par semaine vers les points noirs de la pollution urbaine. En seulement deux ans d'existence, ils affichent déjà un beau bilan, que nous détaille Nguyên Luong Ngoc, le chef du groupe.
«Il y a plus de 2.000 bénévoles. En deux ans, près de 300 opérations de nettoyage ont été menées et plus de 3.000 tonnes de déchets ont été extraites des voies d'eau. Les jeudis et dimanches sont consacrés au nettoyage des canaux, tandis que les samedis sont consacrés aux initiatives d'embellissement urbain. Chaque bénévole bénéficie d'une protection vaccinale complète et d'équipements adaptés», précise-t-il.
 Malgré le froid matinal à Hô Chi Minh-Ville, de nombreux jeunes écologistes passent des heures dans l’eau sombre pour nettoyer les déchets. Photo: Ty Huynh/VOV |
Le canal Lang, dans le district de Binh Thanh, illustre parfaitement cette persévérance. Malgré son état de pollution critique nécessitant des interventions mensuelles, l'équipe garde intact son optimisme, à l’image de Ba Ha Bang, l’un de ses membres dévoués.
«Nous rêvons du jour où nos efforts ne seront plus nécessaires ici, où les eaux retrouveront leur pureté d'antan», nous confie-t-il.
L’engagement de tous les membres du groupe a suscité une prise de conscience collective. Les riverains, d'abord spectateurs, sont devenus acteurs du changement, participant activement aux opérations de nettoyage.
«Bien qu'ils ne soient pas originaires de la région, ils ont choisi de venir ici pour s'investir dans ces tâches et soutenir la communauté locale. Leur engagement et leur sens des responsabilités sont impressionnants, et ils accomplissent leur travail avec un véritable souci du détail. Ils ont nettoyé les canaux, débouché les eaux, coupé les arbres, débroussaillé et laissé les lieux impeccablement propres», déclare un habitant.
«Leurs efforts forcent l’admiration. Leur action a un impact concret: en voyant ces jeunes plonger dans les canaux pour ramasser les déchets, certains se rendent compte des conséquences de leurs gestes. Cette prise de conscience incite les habitants à changer leurs habitudes et à adopter des comportements plus respectueux de l'environnement», poursuit une autre.
 La barrière à déchets, initiative du groupe, vise à collecter et bloquer les déchets avant qu’ils n’atteignent le fleuve Saigon et la mer. Photo: Ty Huynh/VOV |
Les résultats sont tangibles: une réduction de 20 à 30% des déchets dans les canaux témoigne de cette évolution des mentalités. Mais, le chef d’orchestre Nguyên Luong Ngoc veut aller encore plus loin. «Notre ambition va au-delà du simple nettoyage. Nous voulons sensibiliser pour des changements durables. Ainsi, de nombreuses initiatives ont été mises en oeuvre: installation de barrages flottants, développement de machines de collecte, utilisation de solutions biologiques pour traiter les eaux... Chaque mois, ces dispositifs permettent d'intercepter des centaines de tonnes de déchets avant qu'ils n'atteignent la rivière de Saigon», nous dit-il.
Plus qu'un simple groupe environnemental, «Saigon vert» est devenu un modèle inspirant à l'échelle nationale. De Binh Duong à Dà Nang, en passant par Biên Hoa et Nghê An, des initiatives similaires éclosent, créant un véritable réseau d'acteurs engagés pour la préservation des cours d'eau urbains.