L’économie mondiale fragilisée par les tensions commerciales et l’instabilité

(VOVWORLD) - La guerre tarifaire et les tensions géopolitiques croissantes commencent à peser sur l’économie mondiale, assombrissant les perspectives de croissance cette année par rapport aux prévisions initiales.
L’économie mondiale fragilisée par les tensions commerciales et l’instabilité - ảnh 1Logo de l'OCDE. Photo: Getty Images

Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, publié le 17 mars, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a abaissé sa prévision de croissance mondiale à 3,1% cette année, contre 3,2% en 2024, avec un risque de nouvelle baisse à 3,0% en 2026.

Les impacts de la guerre tarifaire

Cette révision de l’OCDE s’explique par la multiplication des obstacles aux échanges dans plusieurs économies du G20, ainsi que par une aggravation des incertitudes pesant sur l’investissement et les dépenses des ménages. L’organisation anticipe également une inflation plus élevée que prévu, sous l’effet de la hausse des coûts de production due aux perturbations des chaînes d’approvisionnement.

Selon Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, les changements dans la politique commerciale des États-Unis depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, le 20 janvier, notamment le déclenchement d’une guerre tarifaire avec ses principaux partenaires, ont de lourdes conséquences sur l’économie mondiale, y compris celle des États-Unis. La croissance annuelle du PIB réel américain devrait ralentir par rapport au rythme soutenu enregistré récemment et tomber à 2,2% en 2025, puis 1,6% en 2026. En cas de choc commercial généralisé, la croissance américaine pourrait reculer de 0,7 point de pourcentage par rapport aux prévisions, et le coût pour les ménages américains pourrait atteindre jusqu’à 1.600 dollars par foyer.

Le Canada et le Mexique, deux partenaires économiques majeurs et voisins des États-Unis, subissent de plein fouet la taxe de 25% imposée par Washington. Le Canada est particulièrement touché, avec une croissance revue à la baisse, à seulement 0,7% cette année et l’an prochain, contre 2% initialement prévus.

La croissance de la zone euro devrait plafonner à 1,0%, contre 1,3% prévu initialement, un chiffre qui pourrait encore chuter si la guerre commerciale entre Washington et Bruxelles s’intensifie, après la riposte de l’UE aux taxes américaines sur l’aluminium et l’acier. La Chine, deuxième économie mondiale, maintient pour l’instant sa prévision de croissance à 4,8%, les tensions commerciales avec les États-Unis restant encore sous contrôle.

Face à ces tensions, le secrétaire général de l’OCDE souligne qu’une guerre commerciale ne profite à aucune économie et exhorte les pays à privilégier le dialogue plutôt que les restrictions commerciales.

“Mon message aux gouvernements du monde entier est clair: pour assurer la croissance future, améliorer le niveau de vie et augmenter les revenus des ménages, il est essentiel de maintenir des marchés ouverts et de garantir un commerce mondial fondé sur des règles équitables. Certes, le système commercial international connaît des défis, mais le dialogue et la coopération restent les meilleures solutions pour les surmonter”, dit-il.

Toujours selon l’OCDE, une hausse de 10 points de pourcentage des droits de douane bilatéraux réduirait la croissance mondiale de 0,3 point au cours des deuxième et troisième années, tandis que l’inflation moyenne augmenterait de 0,4 point sur les trois premières années.

Incertitude géopolitique

Dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales publié fin 2024, l’OCDE se montrait prudemment optimiste, tout en alertant sur les risques géopolitiques. Dans sa nouvelle édition, l’organisation insiste encore davantage sur ce point, estimant que, au-delà des barrières commerciales, l’incertitude géopolitique est désormais la principale menace pour la croissance mondiale. Partageant cette analyse, Rebecca Christie, experte à l’institut Bruegel à Bruxelles, estime que, pour l’instant, l’Europe réagit aux décisions américaines plutôt que de définir une vision à long terme.

“Il faut se focaliser sur les actions concrètes de Donald Trump, plutôt que de réagir à chacune de ses déclarations. L’Europe doit avant tout défendre ses propres intérêts, au lieu de se laisser entraîner dans des réactions impulsives”, déclare-t-elle.

Les récents développements du conflit entre la Russie et l’Ukraine, ainsi que la gestion de la crise par l’administration américaine, pèsent sur le climat des affaires en Europe. Pour Oliver Roth, expert au sein du groupe financier ODDO BHF, basé à Paris, l’initiative de Washington visant à engager un dialogue direct avec Moscou au plus haut niveau constitue un signal positif. Mais sans avancée concrète sur le plan diplomatique, les attentes du marché pourraient vite se transformer en déception. 

«Le monde entier a les yeux rivés sur la conversation téléphonique entre les présidents américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine. Au-delà de son impact politique pour l’Ukraine, cette conversation pourrait marquer un tournant vers une plus grande stabilité économique en Europe, à condition qu’un premier accord de cessez-le-feu soit trouvé», indique-t-il.

Selon les observateurs, un retrait rapide des taxes de rétorsion entre les États-Unis et leurs partenaires économiques semble peu probable. Dans ce contexte, la prolongation des tensions géopolitiques pourrait peser encore davantage sur la croissance mondiale dans les mois à venir.

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