Niger: un pays toujours plus instable

(VOVWORLD) - Le Niger, l'un des pays les plus pauvres au monde, est devenu une source de préoccupation internationale. Le coup d'État survenu le 26 juillet dernier, suite auquel le président Mohamed Bazoum a été destitué par l'armée et des membres du gouvernement ont été arrêtés, n'était qu'un nouvel épisode de la crise politique qui mine le pays depuis des décennies. Au-delà des frontières nigériennes, cette escalade risque de compliquer les efforts de l'Occident visant à soutenir les pays du Sahel dans leur combat contre les jihadistes.
Niger: un pays toujours plus instable - ảnh 1Des manifestants se rassemblent à Niamey, au Niger, le 30 juillet 2023, pour soutenir le coup d'État. Photo: Balima Boureima/Reuters

Situé en Afrique de l'Ouest, le Niger a été le théâtre de quatre coups d'État depuis son indépendance en 1960. L'avant-dernier coup a eu lieu en février 2010. Ce pays compte environ 25 millions d'habitants. Les deux tiers de sa superficie sont du désert et il est régulièrement placé en bas du classement des nations par l'ONU en termes d'indice de développement humain.

Un nouveau chaos…

Élu en 2021, le président Mohamed Bazoum a pris le pouvoir dans un pays affamé. La situation n'a guère changé, et les instabilités perdurent avec l'apparition de groupes de bandits armés et de jihadistes aux frontières du pays.

Le 26 juillet 2023, alors que l'armée venait de destituer le président, son porte-parole, Amadou Abdramane, a déclaré que les forces de défense et de sécurité avaient décidé de mettre fin au régime «suite à la dégradation continue de la situation sécuritaire (et) à la mauvaise gouvernance économique et sociale». Il a ajouté que les frontières avaient été fermées et qu'un couvre-feu national avait été décrété.

Deux jours après, le général Abdourahamane Tchiani, qui dirigeait la garde présidentielle depuis 2011, s'est autoproclamé nouveau dirigeant du Niger. Il a averti que n'importe quelle ingérence militaire étrangère conduirait au chaos.

Dans le même temps, la junte a procédé à l'arrestation de plusieurs membres du gouvernement du président déchu.

Selon les analystes, les instabilités au Niger s'expliquent en grande partie par celles des pays voisins. En effet, depuis 2020, l'Afrique de l'Ouest s'est familiarisée avec les coups d'État, que ce soit au Mali, en Guinée ou au Burkina Faso. Fin 2022, les dirigeants de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) ont ainsi décidé de créer une force régionale prête à intervenir en cas de coups d'État dans les pays membres et à combattre les jihadistes.

Niger: un pays toujours plus instable - ảnh 2Devant l'ambassade de France au Niger, le 30 juillet 2023. Photo: Souleymane Ag Anara/Reuters

… qui inquiète la communauté internationale

Cependant, face à la situation au Niger, les dirigeants militaires du Mali et du Burkina Faso ont averti que n'importe quelle intervention militaire contre le Niger constituerait une déclaration de guerre à leurs pays. À l'inverse, les dirigeants de la Cédéao ont lancé un ultimatum d'une semaine aux putschistes au Niger pour restaurer l'ordre constitutionnel et le pouvoir du président Mohamed Bazoum. Ils ont même menacé de recourir à toutes les mesures nécessaires, y compris militaires, pour parvenir à leurs buts. Les 15 autres pays d'Afrique de l'Ouest, à l'exception du Niger évidemment, ont par ailleurs imposé une série de sanctions aux putschistes: gel des transactions financières et commerciales, fermeture des frontières, interdiction d'entrée aux individus impliqués dans le coup d'État au Niger… En parallèle, les dirigeants de l'Afrique de l'Ouest ont unanimement condamné certaines forces étrangères pour avoir soutenu ce coup.

En ce qui concerne la communauté internationale, le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a condamné «toute tentative de prise de pouvoir par la force et d'atteinte à la gouvernance démocratique, à la paix et à la stabilité au Niger». Il a également appelé les parties concernées à faire preuve de retenue et à protéger l'ordre constitutionnel. De leur côté, l'Union européenne, l'Allemagne et la France ont successivement annoncé la suspension de leurs soutiens financiers et de leurs coopérations au développement avec le Niger.

Pour sa part, le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a conditionné le partenariat économique et sécuritaire de son pays avec le Niger, estimé à plusieurs centaines de millions de dollars, au maintien de la démocratie et de l'ordre constitutionnel sur place. Il a ainsi exigé que les actions déstabilisatrices au Niger soient immédiatement inversées.

Rappelons que le Niger dépend des aides de l'Occident pour nourrir sa population, mais aussi pour combattre les jihadistes qui l'attaquent depuis le Mali et le nord-est du Nigéria. Le renversement du gouvernement constitutionnel du Niger complique ainsi les efforts de l'Occident pour aider les pays de la région à se protéger des jihadistes, et rend la vie des Nigériens encore plus misérable.

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