Iola Nguyên en tenue traditionnelle vietnamienne

Bien qu'ayant grandi et vivant actuellement à l'étranger, Iola Nguyên est fière d’être Vietnamienne.

«Le Vietnam représente une part de moi. Je pense que le pays où l’on est né et le pays où l’on a grandi sont tout aussi importants l’un que l’autre, et plus particulièrement dans le cas d’une adoption”, nous dit-elle.  

Aujourd’hui, Iola Nguyên espère que son annuaire permettre à d’autres Vietnamiens adoptés comme elle d’avoir le bonheur de retrouver leurs parents biologiques.   

«J’ai appris que ma mère biologique avait été diagnostiquée d’un cancer du foie, très récemment, et je me suis dit que j’avais beaucoup de chance de la connaître et de pouvoir passer du temps avec elle avant qu’il ne soit trop tard. Beaucoup d’adoptés n’ont pas cette chance. Aujourd’hui, il est plus facile de retrouver ses parents biologiques qu’avant, mais pour certains, ça reste très difficile», nous confie-t-elle. 

Le fait est qu’entre les années 1970 et les années 2000, des dizaines de milliers d’enfants vietnamiens ont été adoptés à l’étranger, principalement par des familles des États-Unis, de France, d’Australie et du Canada. Beaucoup d’entre eux sont en quête de leur identité vietnamienne, mais ils manquent souvent d’informations détaillées ou précises et rencontrent des barrières linguistiques lorsqu’ils recherchent leurs familles biologiques. Ce répertoire, mis à jour en direct, permet donc aux adoptés vietnamiens de s’inscrire, et aux familles cherchant leurs enfants de partager aussi des informations, favorisant ainsi les réconciliations. C’est avec beaucoup de détermination et de perséverance que Iola Nguyên a mis en oeuvre cette initiative de réseautage.

«Disons que cela demande beaucoup de recherches et de rappels à l’ordre, car de nombreuses personnes montrent de l’intérêt mais tardent à envoyer les informations nécessaires ou fournissent des éléments incomplets. À ce jour, je pense qu’il reste au moins dix personnes que je n’ai pas encore pu intégrer au projet pour ces raisons. Cela dit, je réalise que ma maîtrise du français et de l’anglais est un atout majeur pour cette initiative, car elle me permet de toucher tous les pays qui ont adopté au Vietnam par le passé. Sans cette compétence, de nombreux adoptés risqueraient de passer à côté de cet annuaire international, ce qui serait vraiment regrettable», nous fait-elle observer. 

Plus de 30 adoptés vietnamiens ont rejoint le réseau

À ce jour, plus de 30 adoptés vietnamiens venant de France, de Suède, du Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni et d’Australie ont déjà rejoint, et d’autres sont invités à rejoindre ce projet gratuit. 

“Je pense que même s’ils ne se connaissent pas tous, les adoptés vietnamiens partagent avant tout l’expérience d’être adoptés du même pays, mais aussi le sentiment de se sentir parfois différent, seul et incomplet, sans vraiment savoir pourquoi. C'est pourquoi, il est important pour beaucoup de connaître d’autres adoptés vietnamiens pour pouvoir échanger. Après tout, nous partageons les mêmes racines et, parfois, des expériences similaires issues de notre histoire. Au fond, nous sommes tous en quête de la même chose : des réponses à nos questions dans notre recherche d’identité", a partagé un membre du réseau.

“Le Vietnam, la terre qui m'a vu naître, le berceau de mon inconscient, avec ses sons, ses odeurs, ses couleurs, ses saveurs, ses caresses peut-être, ce qui a éveillé mes sens. J'espère un jour retrouver mes treize premiers mois ensevelis”, nous a confié un autre. 

“Le Vietnam représente pour moi une part essentielle de mon identité, même si je n'y ai jamais grandi. Adoptée à un jeune âge, j'ai toujours ressenti un lien profond avec ce pays, à la fois mystérieux et familier. C'est le lieu où mes racines se trouvent, même si je n'y ai jamais vécu. C'est aussi un pays que je rêve de découvrir davantage. Je veux comprendre ses coutumes, sa langue et de rencontrer des gens qui partagent mon histoire. En somme, le Vietnam est une part de mon passé et en même temps un horizon vers lequel je me tourne pour mieux comprendre qui je suis”, a dit un troisième. 

Le projet comprend des informations essentielles, telles que la date et le lieu de naissance, le nom vietnamien d’origine (si connu), et une photo de l’âge de l’adoption ou un certificat de naissance. Des informations supplémentaires sont accessibles aux utilisateurs inscrits, offrant une couche de protection contre les escroqueries ou les fausses déclarations. Il est conseillé aux adoptés de demander une preuve si quelqu’un les contacte pour confirmer une connexion. Cet annuaire en ligne fournit donc un lieu central et fiable où les familles peuvent vérifier régulièrement les mises à jour et lire des histoires à succès.

Iola Nguyên souhaite que ce répertoire devienne largement connu au Vietnam, encourageant les adoptés des mêmes régions ou générations à se connecter, à se soutenir mutuellement et à partager des idées.

“Avec l’aide de la presse et des médias vietnamiens, j’aimerais faire connaître l’annuaire à tous les Vietnamiens. De cette manière, les familles vietnamiennes qui recherchent leurs enfants biologiques pourraient également nous contacter pour lancer un appel ou publier une recherche, mais aussi consulter régulièrement l’annuaire. Aujourd'hui, presque tout le monde possède un smartphone ou peut y accéder grâce à un ami ou à la famille”, nous indique-t-elle. 

Même si une famille ne retrouve pas immédiatement son enfant, le réseau croissant d’adoptés pourra éventuellement faciliter une mise en relation, créant une communauté vietnamienne mondiale d’adoptés internationaux, où les membres pourront se soutenir mutuellement, partager des opportunités et grandir ensemble.