Sophie De Quay (tenue noire) et Simon Jaccard (droite). Photo: Duc Anh/VOV5 |
Sophie De Quay: Bonjour à tous, je m'appelle Sophie De Quay, je suis Suisse, mais j'ai grandi un petit peu à travers le monde. J'ai grandi à Singapour, à New York et à Paris. Et la première fois que je suis venue au Vietnam, c'est quand j'avais 8 ans. Et je suis très heureuse de revenir cette fois pour des concerts. Je suis chanteuse, autrice, compositrice, et je voyage à travers le monde avec Simon pour présenter nos chansons.
Simon Jaccard: Bonjour, je m'appelle Simon Jaccard. Je fais de la musique depuis que je suis tout petit. J'ai commencé la musique à 4 ans. Je suis passé par le conservatoire de jazz et musique actuelle, en Suisse. J'ai grandi en Suisse. Et grâce à Sophie, que j'ai rencontrée en 2016, j'ai pu voyager à travers le monde pour faire de la musique. Et depuis notre rencontre, on a fait plein d'albums ensemble. Je suis devenu aussi producteur musical, réalisateur musical et multi-instrumentiste. Donc on fait tous les concerts, tous les deux. Et le projet Sophie de Quay, c'est nous deux. Et le Vietnam, c'est le 18ème pays dans lequel on vient faire des concerts.
Sophie de Quay et Simon Jaccard participent au Festival Balade en France et en Francophonie tenu du 28 au 30 mars à Hanoi. Photo:@OPALVN |
VOVworld: Comment décrivez-vous votre création partagée?
Sophie De Quay: En général, on écrit, on compose et tous les arrangements, c'est nous qui les faisons. Il n'y a pas vraiment de règles. Moi, en général, je commence par les textes. Je me mets dans une ambiance particulière. Les textes, on peut les écrire n'importe où. Des fois, c'est à la maison, mais des fois, c'est dans l'avion, dans le train. Les sources d'inspiration, c'est ce qu'on voit, ce qu'on vit, les rencontres qu'on fait... Après le texte, en général, je le montre à Simon. On compose ensemble, Simon fait les arrangements, mais des fois, c'est lui qui vient avec des textes. Chaque chanson a son histoire.
Simon Jaccard: Ça nous arrive aussi d'avoir une thématique et de se dire, tous les deux qu’on prend quelques heures et qu’on essaie de créer un texte à quatre mains.
VOVworld: Quelles sont vos principales sources d'inspiration et quels sont vos messages à transmettre?
Simon Jaccard: Je dirais que musicalement, on est très influencés par la pop francophone parce que c'est quand même là-dedans qu'on évolue. On habite entre la Suisse et Paris. Il y a énormément de magnifiques artistes qui nous entourent, donc ça fait partie de nos influences. On pourrait citer, par exemple, Thérapie Taxi ou Louane, ou encore Grand Corps Malade qui est un artiste qui nous parle beaucoup au niveau de ses textes. Après, dans chacune de nos chansons, si on va creuser un petit peu, il y a toujours des éléments qui viennent de nos voyages, des éléments un peu ethniques. On a toujours quelques instruments traditionnels ou quelques rythmiques qui viennent d'autres pays parce qu'on aime bien avoir cette dimension un peu plus ouverte sur le monde plutôt que de simplement rester cantonné à notre pays. Au-delà de la musique, nos inspirations, aussi beaucoup pour nos textes, viennent principalement de nos expériences de vie, de ce qu'on voit, de ce qu'on expérimente, de ce qui nous inspire pour pouvoir écrire des textes et transmettre les messages qu'ils nous parlent.
Photo: @OPALVN |
Sophie De Quay: On essaie de transmettre des messages aussi, comme quoi c'est important de croire en soi, de croire en ses rêves, d'écouter sa petite voix intérieure... On a un album qui s'appelle Y, qui fait référence à la génération Y dont on fait partie et à toutes les questions qu'elles se pose. On a un EP qui s'appelle Soleil intérieur, ça c'est 5 chansons, c'est comme 5 mantras, 5 outils qu'on a découvert au fil des années pour pouvoir faire briller son soleil intérieur et vivre mieux dans un monde qui est quand même assez chaotique. Et puis là on travaille sur un album qui sortira en septembre et sur lequel on a collaboré avec un parolier et un producteur musical, un réalisateur musical qui a co-réalisé avec Simon. Donc là il y a de nouveau des nouvelles thématiques, c'est aussi très personnel.
Simon Jaccard: C'est vrai que du coup j'ai partagé la partie de création musicale, j'avais envie de m'ouvrir un peu à d'autres façons de faire et surtout d'avoir une oreille extérieure, un regard extérieur qui ne soit pas nous, qui soit un peu plus détaché du projet pour pouvoir amener encore un peu plus d'expertise.
VOVworld: La Suisse, pays membre de la Francophonie, qui se distingue par sa coexistance linguistique, figure-t-elle aussi parmi vos sources d’inspiration?
Sophie De Quay: Oui, alors nous on est Suisse romands, mais c'est vrai qu'en Suisse il y a quatre langues nationales, et du coup c'est vrai qu'un des messages forts qu'on transmet aussi, c'est construire des ponts entre les différentes cultures. Il faut s'intéresser à l'autre, il faut écouter l'autre, essayer de le comprendre pour pouvoir collaborer, pour pouvoir vivre ensemble, pour pouvoir faire un pas vers un monde meilleur, vers un monde plus serein. Donc c'est vrai que la Suisse, c'est aussi une source d'inspiration. Et puis nos concerts nous emmènent partout en Suisse, pas qu’en Suisse romande.
Simon Jaccard: En Suisse il y a quelque chose qui s'appelle le Reuchtigraben, c'est la frontière entre les différentes langues, les différentes régions linguistiques, et c'est presque comme des pays différents, au niveau en tout cas musical, et c'est important d'essayer de se relier à ces autres régions.
Photo: @OPALVN |
VOVworld: Comme vous êtes une artiste multilingue, dans combien de langues vous avez chanté?
Sophie De Quay: On a chanté en français, en espagnol, en roumain, en chinois, en japonais, en anglais, en allemand, en italien, en romanche, en azerbaïdjanais, en birman, et il faudrait qu'un jour, on chante en vietnamien. On a appris le mandarin qui a quatre tons, et on a découvert qu'il y avait six tons en vietnamien. Waouh! Il va falloir qu'on pratique et qu'on s'entraîne avant d'en faire une chanson.
VOVworld: Et Simon, vous êtes connu pour vos capacités de multi-instrumentiste, alors combien d'instruments de musique pouvez-vous jouer?
Simon Jaccard: C'est difficile à dire, je n'ai pas réellement compté, parce qu'il y a beaucoup de petites choses. Par exemple les percussions, il y en a plein de différentes. Je suis pianiste à la base, et sur mon parcours, j'ai vraiment appris à toucher à tous les instruments. Quand on a appris le solfège et l'harmonie, la musique devient un langage. Et on peut s'exprimer sur n'importe quel instrument si on maîtrise la technique. Et du coup, c'est que de l'entraînement. Donc moi, j'essaie vraiment de toucher un peu à tout, de trouver un peu des techniques sur les différents instruments, pour pouvoir exprimer finalement la même langue, la même chose. On exprime la musique. Donc, je pense que je dois jouer à peu près une quinzaine d'instruments différents. Mais je suis obligé, parce qu'on est tous les deux sur scène, et du coup, je dois sonner comme un band.
Sophie De Quay: Notre public l'appelle Octopus Man, donc on a même des peluches en forme d'octopus, qu'on vend après les concerts, à l'effigie de Simon.
Photo: Duc Anh/VOV5 |
VOVworld: Au fil des années, vous avez partagé beaucoup de chose ensemble, tant dans la vie personnelle qu’en scène, alors on est un peu curieux, comment votre collaboration évolue-t-elle avec le temps?
Sophie De Quay: Alors, on dit souvent que notre amour, c'est notre force. C'est un métier qui est difficile, et le fait d'être deux, et d'être autant complémentaires, ça nous permet de soulever des montagnes. Et, Simon et moi, maintenant ça fait 8 ans qu'on se connaît, et qu'on travaille ensemble. Ça a commencé par la musique, par un coup de foudre musical, et puis on est mariés depuis quelques mois. Simon, il est multi-instrumentiste, il est technique, il est dans tout ce qui est technologique. Moi, j'ai souvent des idées, et une fois que j'ai l'idée, je me dis, ‘OK, Simon, j'ai besoin de toi’, et il va vraiment m'aider à la concrétiser. Je pense qu'on se professionnalise aussi. On apprend un peu les clés du métier.
Simon Jaccard: On apprend à gérer tout. Je ne sais pas si vous connaissez au Vietnam les couteaux suisses. On est un peu les couteaux suisses, c'est-à-dire qu'on apprend à tirer un peu toutes les cordes des instruments différents. Ce qui nous a amenés, nous, en Europe, à travailler aussi avec d'autres artistes pour leur aider à leur donner ces clés, parce que plus on avance dans le milieu, plus on comprend comment ça se passe. Plus on peut aussi gérer l'aspect du management, du booking, des éditions, un aspect de label. Des relations publiques.
Sophie De Quay: Et puis on habite entre la Suisse et la France, donc c'est aussi très intéressant de voir comment ça fonctionne en France où l'industrie musicale est encore plus développée qu'en Suisse. On a commencé il y a 8 ans par explorer un petit peu, par faire notre premier album sans se mettre de limites et puis maintenant on a créé notre label. Donc on est indépendant.
Photo: Duc Anh/VOV5 |
Simon Jaccard: Mais surtout pour répondre à votre question, on n'a plus besoin de parler à force de travailler ensemble. On évolue d'une manière où finalement on comprend tout avec un regard, avec un geste, c'est le langage de la musique.
Sophie De Quay: On se regarde pendant le concert et on sait ce qui va se passer ou ce qui ne va pas se passer.
VOVworld: Quels sont vos futurs projets?
Alors en septembre, on va sortir notre nouvel album avec lequel j'espère qu'on va tourner dans plein de pays pour présenter nos chansons et puis rencontrer notre public et notre nouveau public. Et puis on a aussi un projet qui s'appelle Building Bridges, comme je l'ai dit tout à l'heure. On aime utiliser notre musique et nos mots pour construire des ponts entre les différentes cultures, entre les générations, entre les manières de vivre et de penser. Et on a décidé de sortir notre chanson Building Bridges déclinée en plein de versions différentes avec des artistes locaux des pays dans lesquels on voyage. Et au Vietnam, on a eu la chance de pouvoir enregistrer des musiciens de musique traditionnelle vietnamienne qui sont à l'Académie de musique du Vietnam. Donc il y a la version vietnamienne qui sortira de cette chanson Building Bridges et il y a aussi une version birmane. Je pense que c'est vraiment en construisant des ponts qu'on façonne un monde meilleur et plus en paix...