(VOVWORLD) - Le Kin Pang Then est un rituel important dans la vie des Thaï blancs, une ethnie vivant dans les régions montagneuses du Nord-Ouest du Vietnam, principalement dans les provinces de Son La, Lai Châu et Diên Biên. Il s'agit d'une cérémonie pour célébrer les "enfants adoptifs" des maîtres Then, qui sont des guérisseurs spirituels traditionnels.
 Le Kin Pang Then est un rituel important dans la vie des Thaï blancs. Photo: baodantoc.vn |
Dans chaque village Thaï blanc, il y a des maîtres Then - des personnes ordinaires, souvent des agriculteurs, mais qui ont appris des chants rituels et des méthodes de guérison spirituelle. Ces maîtres sont perçus comme des envoyés des dieux, chargés de guérir les malades et de protéger la communauté. Les personnes qu’ils ont guéries peuvent devenir leurs «enfants adoptifs», un lien symbolique très important dans la culture des Thaï, comme l’indique Lo Van Xoi, un habitant du district de Than Uyên, dans la province de Lai Châu.
«Si un guérisseur réussit à sauver quelqu'un, il va l'adopter comme son enfant. En règle générale, un maître Then doit avoir au moins 20 à 30 enfants adoptifs pour pouvoir organiser la cérémonie du Kin Pang Then, une fois tous les trois ans», nous fait-il savoir.
Selon Mào Van Et, de la ville de Diên Biên Phu, bien que les progrès de la médecine moderne aient conduit de nombreuses personnes à aller à l’hôpital plutôt que de faire appel aux guérisseurs traditionnels, beaucoup continuent de demander aux maîtres Then de faire des rituels pour maintenir leur esprit serein.
«Pour exercer en tant que maître Then, il faut d'abord guérir des malades, ne serait-ce que par des moyens spirituels. Il faut reconnaître qu’aujourd'hui, les maîtres Then sont moins sollicités car les gens préfèrent aller à l'hôpital. Cela étant, le Kin Pang Then demeure une fête importante, qui réunit toute la communauté au printemps, pendant la saison des fleurs de bauhinie. La partie religieuse est dirigée par les maîtres Then, mais la fête elle-même est animée par des groupes de musique et de danse, avec la participation des habitants des villages», nous fait-il remarquer.
Lors du Kin Pang Then, le maître Then prépare un autel décoré de manière très soignée, avec des fleurs, des tissus colorés et des objets sacrés. Les offrandes obligatoires incluent du coq, du porc, de l’alcool, de l’encens, des fruits et des gâteaux. Selon Mào Van Thinh, du district de Tua Chùa, dans la province de Diên Biên, l'autel est divisé en trois niveaux, chacun étant dédié à des divinités différentes.
«Les deux niveaux supérieurs sont réservés aux divinités protectrices: c’est là que l'on place les offrandes les plus importantes, comme une tête de porc et un coq. Le niveau inférieur, quant à lui, est dédié aux divinités du ciel et de la terre. On y place des œufs, de l’alcool et des fruits pour demander aux dieux de bénir la communauté et de protéger les gens de la maladie et des malheurs», nous explique-t-il.
 Bien plus qu’une simple cérémonie religieuse, le Kin Pang Then est un moment de renouveau spirituel et culturel |
Une fois les prières dites, la cérémonie se poursuit avec des chants traditionnels, appelés chants Then, accompagnés par des instruments comme le pí (flûte) et le đàn tính (une sorte de guitare traditionnelle), ainsi que des chùm sóc (petits instruments de percussion). Ces chants, riches en poésie, ont une double fonction: prier pour une année prospère et remercier les ancêtres et les divinités.
Après la partie religieuse, vient la partie festive. C’est un moment de grande joie pour la communauté, marqué par des danses traditionnelles, notamment la danse xòe (une danse en cercle), des chants et des jeux populaires. Ces moments festifs visent à renforcer les liens entre les membres du village et à célébrer l'unité communautaire, comme l’indique Khoàng Van Giong, un maître Then du district de Muong Chà, de la province de Diên Biên.
«Les maîtres Then peuvent organiser le Kin Pang Then chez eux ou dans la maison communale, au 8e, 9e ou 10e jour du premier mois lunaire. Nous prions pour un climat clément et des récoltes abondantes, mais aussi pour la santé et la prospérité de nos enfants adoptifs. Chacun de ces enfants apporte un coq ou une bouteille d’alcool chez nous. Mais ils peuvent aussi rester chez eux et prier. Évidemment, la fête chez le maître ou à la maison communale est bien plus joyeuse avec des danses entraînantes et des jeux populaires», affirme-t-il.
Pour les Thaï blancs, le Kin Pang Then est bien plus qu’une simple cérémonie religieuse. C’est un moment de renouveau spirituel et culturel. En dépit des changements dans la société et des progrès médicaux, ce rituel continue d’être un pilier de la culture locale, permettant de maintenir vivantes les traditions, de renforcer les liens communautaires et de rappeler l’importance de l’histoire et du patrimoine ancestral.