Les Cham H’roi et leur danse du tambour en duo

(VOVworld) - La danse du tambour en duo est aux Cham H’roi de la province de Phu Yen ce que la cérémonie du thé est aux Japonais : plus qu’un rite, c’est une manifestation de leur culture.

Transportons-nous donc en plein cœur de la commune de Xuan Lanh, dans la province de Phu Yen. La maison communale des Cham H’roi bruisse d’un joyeux tintamarre fait de sons de tambours et de gongs. Il faut dire qu’aussitôt rentrés de leurs rizières, beaucoup se réunissent pour faire de la musique, mais aussi pour apprendre une danse folklorique, et pas n’importe laquelle :  la danse du tambour en duo, celle que tout Cham H’roi digne de ce nom se doit de connaître à la perfection ! Mang Nuu, chef du hameau de Ha Rai :  « La danse du tambour en duo est interprétée lors des festivités importantes, pour le sacrifice du buffle, pour les mariages… Les sons du tambour sont un gage de bonne santé pour tous les habitants du village ! »   
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Cette fameuse danse est en général l’apanage des hommes. Comme son nom l’indique, elle implique deux danseurs, chacun portant sur son épaule un tambour à deux faces. Les tambours en question ont une puissance évocatrice proprement stupéfiante. Ils évoquent aussi bien les ruisseaux que le vent qui souffle sur les rizières… Quant à la danse, elle est éminemment physique, rythmique et incantatoire.  Oi Thu, un danseur :  « Pour le sacrifice du buffle, on danse pendant toute une nuit. Quand deux danseurs sont épuisés, ils sont remplacés par deux autres. Les hommes jouent du tambour et les femmes abreuvent tout le village avec de l’alcool. C’est très exubérant, en général ! »    

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Pour se faire une petite idée de la robuste constitution des danseurs Cham H’roi, il faut savoir que les tambours pèsent 4 kilos, en moyenne, et qu’ils sont donc portés sur l’épaule…  Et naturellement, c’est à qui tiendra le plus longtemps sans vaciller : exactement comme pour l’alcool, soit-dit en passant. Beuverie incantatoire ? Peut-être bien. Mais exaltation de la force virile, certainement ! Il suffit d’ailleurs de voir l’ardeur qu’y mettent les jeunes pour s’en convaincre. Na Xuan Hinh, du hameau de Ha Rai : « J’ai commencé à l’âge de 15 ans. Il m’a fallu 3 ans pour pouvoir jouer à peu près correctement les instruments de mon ethnie. Pour la danse du tambour en duo, c’est plus difficile ! Il faut trouver un partenaire avec lequel on se sent en parfaite harmonie ».      

Les tambours, qui sont donc conçus par paires, sont de véritables trésors. Appelés Chi gul, ce sont deux instruments en bois de 27 centimètres de diamètre et de 40 centimètres de long. Mais trouver les bons matériaux constitue déjà un défi, en soi, comme nous l’explique Oi Thu : « La caisse de résonnance est en bois. A ses deux extrémités, il y a des peaux tendues, de bœuf ou de cerf, selon les cas. Plus la peau est mince, plus la sonorité est puissante. Mais en général, les deux faces du tambour donnent des sons de registres différents : l'un est plus grave que l’autre. »  

Des sons de registres différents, complémentaires, comme le sont les danseurs, car dans cette danse du tambour en duo, tout est affaire d’exaltation mutuelle et communicative !
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