Thuận Châu: L’amour s’est épanoui pendant la guerre

(VOVworld) - Lo Thi Khuyn et Lo Van Tun font partie des nombreux Thaï de Son La qui ont participé aux combats de Dien Bien Phu. Mais pour eux, Dien Bien Phu est bien plus qu’un souvenir de guerre. C’est en effet dans la fureur de la bataille qu’ils se sont rencontrés et qu’ils ont découvert qu’ils étaient faits l’un pour l’autre.

Nous sommes dans la commune de Chieng Pac, une commune de la province de Son La, rattachée au district de district de Thuan Chau.

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Photo VOV/Duc Quy

Je suis maintenant sous la véranda de la maison de Lo Thi Khuyn et Lo Van Tun. Lo Thi Khuyn, aujourd’hui octogénaire, porte la robe noire traditionnelle des femmes Thaï. Elle est en train de démêler les cheveux de sa petite-fille en lui recommandant de ne pas sauter et nager dans le petit étang devant la maison comme le font ses frères.

Peu de temps après, Lo Van Tun - grande taille, cheveux blancs, teint vermeil - rentre à la maison après avoir bu de l’alcool avec ses voisins. Très accueillant, il m’invite à entrer dans sa maison.

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La maison sur pilotis dans laquelle je me trouve n’a rien d’extraordinaire comparée à toutes celles des Thaïs, si ce n’est ses objets décoratifs.

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Sur le mur, à gauche, un panneau rectangulaire sur lequel est inscrit un poème en langue Thaï, et aux quatre coins un coq, un cochon, un bœuf et un buffle, qui sont des animaux domestiques indispensables.

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Mais ce qui retient mon attention, ce sont les souvenirs de guerre. Eh oui, je me trouve chez d’anciens miliciens de Son La !   

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Prenant une gorgée de thé, Lo Van Tun se sent rajeunir en racontant ses souvenirs : « J’avais 20 ans à cette époque. C’était l’année 1952, je crois. Le Viet Minh appelait les jeunes à apporter leurs vélos ou leurs chevaux et à participer à la campagne. Moi, je possédais un cheval auquel je tenais beaucoup. Alors j’ai été chargé de porter des vivres aux soldats en me dissimulant. La valeur d’un cheval pour nous? En fait, à cette époque, tuer un cheval, c’était comme tuer quelqu’un. Le cheval jouait un rôle très important dans notre vie, ici. Il nous aidait à transporter nos vivres jusqu’aux cultures. Et puis, quand on avait un peu trop bu, il nous suffisait de monter sur le dos de notre cheval pour pouvoir rentrer chez nous en toute sécurité ».      

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Lo Thi Khuyn, qui était âgée 19 ou 20 ans à l’époque, a elle-aussi contribué à la bataille. "Ma tâche consistait à porter des perches de bambous sur mes épaules pour construire des baraquements au bord de la route pour que les soldat se reposent. Mais ça, c’était le matin. Le soir, les femmes devaient porter le riz jusqu’aux camions. J’avais beau n’être qu’une jeune femme, je n’ai éprouvé aucune difficulté, a-t-elle dit, C’est l’amour de la Patrie qui m’a poussé."     

L’amour de la Patrie… L’amour de la Patrie qui a poussé les deux jeunes gens sur les chemins de Dien Bien Phu, en bravant tous les dangers, au péril de leur vie, parfois, comme le raconte Lo van Tun : « Il était 5 heures du matin. Mon cheval et moi transportions du riz en escortant des camions. Brusquement, nous avons été repérés par des avions qui ont ouvert le feu. Heureusement, j’ai réussi à me précipiter dans le lit d’une rivière asséchée. Pas loin de moi, un camion était en feu… »

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Le courage aidant, les deux jeunes gens ont ainsi poursuivi leur mission et au fil du temps, ils ont appris à se connaître au bénéfice de courtes pauses sur les routes d’approvisionnement. Khuyen se souvient : « Pendant la guerre, nous n’avons pas de temps pour nous cajoler ! Mais le plus important, c’était de pouvoir échanger, parfois simplement par le regard, ou par de petits gestes d’affection, comme un bonbon ou un biscuit offert ».

M.Tun fait savoir: « Nous vivions depuis toujours dans le même hameau. Mais pendant la guerre, j’ai réalisé ce que c’était qu’un sentiment humain. C’était une femme, la plus belle du hameau, mais elle travaillait aussi péniblement que toutes les autres. Elle aurait pu épouser le chef du village et avoir une vie heureuse. Mais non !... Moi, j’étais déjà amoureux d’elle, mais je ne lui disais rien. Je me contentais de l’encourager dans la bataille… ».

Brusquement, ils se mettent à entonner tous les deux un chant appris durant la campagne de Dien Bien Phu : une victoire sur la vie et sur eux-mêmes...

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