Quand les Ma Coong frappent le tambour

(VOVWORLD) - Les Ma Coong sont une communauté ethnique vivant à Thuong Trach, une commune montagneuse de la province centrale de Quang Binh, située à la frontière avec le Laos. Leur particularité? Quand ils frappent le tambour, ils le font très fort, jusqu’à le casser. C’est en tout cas ce qui se passe lors de leur fête du tambour, quand les villageois implorent la protection des divinités et… font des rencontres galantes.

Quand les Ma Coong frappent le tambour - ảnh 1Les jeunes célibataires sont les premiers à frapper le tambour

La fête du tambour des Ma Coong a lieu durant la 16e nuit du premier mois lunaire au village de Cà Roong.

Quand la lune devient claire, le patriache, Dinh Xon, implore les divinités d’apporter aux villageois une année paisible et abondante. Une fois son oraison terminée, il donne l’ordre de démarrer la fête.

Les premiers sons de tambour résonnent alors que les villageois s’assemblent autour de jarres d’alcool qu’ils sirotent à la paille. Des garçons costauds se disputent les baguettes d’un tambour accroché en hauteur pour le frapper de toute leur force, jusqu’à ce qu’il se casse. Ceux et celles qui ne participent pas à ce rite dansent autour d’un feu, main dans la main. Au clair de lune, des groupes se succèdent pour frapper le tambour, danser et siroter de l’alcool autour du feu vacillant, en criant "Roa lữ Giàng ơi" (Oh mon Dieu, qu’est-ce qu’on est heureux!)…

Pour les Ma Coong, le son du tambour est une voix mythique, la voix d’un peuple vivant au milieu de la jungle sans avoir peur du vent, de la pluie ou des fauves, nous explique le patriarche Dinh Xon.

«Durant la fête, nous prions les divinités de nous bénir, nous mangeons et nous nous amusons. C’est une tradition que nous tenons absolument à perpétuer, à ceci près qu’aujourd’hui, lors de la fête, on donne plus de temps aux jeunes pour s’amuser», nous indique-t-il.

Cette fête marque la symbiose entre l’homme et la nature, constate Peter, un spécialiste danois du patrimoine culturel et du développement durable vivant au Vietnam. C’est la première fois qu’il assiste à la fête des Ma Coong...

 «C’est super que mon présent voyage me donne l’occasion d’assister à cette fête qui témoigne de liens étroits qu’entretient la population locale avec la nature. C’est une tradition qu’il faut absolument préserver, car la diversité culturelle est très importante et les minorités ethniques de Quang Binh y contribuent pour beaucoup», nous fait-il observer.

Avec 600 familles, soit 3000 habitants, les Ma Coong vivent de façon dispersée dans 18 villages de la commune de Thuong Trach, dans la zone noyau du parc national de Phong Nha-Ke Bàng, site classé au patrimoine naturel mondial. Leur fête du tambour a quant à elle été inscrite au patrimoine culturel immatériel national en 2019. Pour garantir la transmission du patrimoine, de nombreux ateliers de formation ont été organisés et la communauté locale a reçu du matériel et des instruments de musique, comme nous l’explique Nguyên Huu Hông, le vice-président du comité populaire du district de Bô Trach, auquel est rattaché la commune de Thuong Trach.

«Nous prêtons une grande attention à la valorisation de la fête du tambour des Ma Coong et aidons cette communauté à préserver son authenticité», assure-t-il.

Quand les Ma Coong frappent le tambour - ảnh 2Il faut que le tambour se casse pour que la fête soit considérée comme accomplie

Comme nous vous l’avions dit en introduction, la fête du tambour est aussi celle des rencontres galantes. Dinh Du, un Ma Coong, nous parle même d’une «nuit d’amour» voulue par la tradition, pour perpétuer la communauté.

«Il faut que le tambour se casse pour que la fête soit considérée comme accomplie. C’est l’occasion pour les jeunes célibataires de se rencontrer et de se donner de nouveaux rendez-vous. Après, le mariage n’est qu’une suite logique», dit-il.

Quand les coqs chantent et le soleil se lève, la fête du tambour et la nuit d’amour se terminent. Les villageois retrouvent leur quotidien routinier, dans l’attente de la prochaine fête. Les garçons qui ont trouvé leur âme sœur en parleront à leurs parents pour préparer un mariage en bonne et due forme. C’est en effet ainsi que se sont formés de très nombreux couples, dont pas mal de couples vietnamo-laotiens…

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